Soutenir politiquement un régime, c’est le proclamer publiquement et le manifester concrètement. Le parti du renouveau démocratique comme l’alliance l’Union fait la nation, ont déclaré leur soutien indéfectible au régime de la rupture. Mais au delà des déclarations, les actes ne suivent pas. On ne voit ni des leaders ni les cadres de ces deux formations politiques aller au charbon pour appuyer le régime dans ses initiatives. Cette économie d’engagement des deux formations politiques à l’endroit de leur supposé partenaire, le régime du nouveau départ, amène à s’interroger sur la sincérité de leur soutien.
Une formation politique qui déclare son soutien au pouvoir en place, cautionne d’office toutes les actions de ce régime. Le soutien doit se faire sur le terrain, en persuadant les populations à adhérer à la politique de gestion du gouvernement. La formation qui soutient sera donc comptable de la gestion faite par le pouvoir, à la fin de son mandat. Ce n’est malheureusement pas ce que font les leaders et cadres de l’Un et du Prd, tous absents du débat relatif au projet de révision de la constitution. De même, l’Un et le Prd n’ont fait aucune sortie médiatique pour expliquer aux populations les raisons des déguerpissements sauvages. Pourtant, sur ces questions les cadres du parti Alternative citoyenne, que ce soit Joseph Djogbénou ou Orden Alladatin, ont eux été visibles sur le terrain, manifestant leur soutien au régime.
Les caractéristiques d’un vrai soutien
Orden Alladatin est d’ailleurs devenu très présent sur les médias pour expliquer telle action du gouvernement ou en justifier une telle autre. C’est cela soutenir et assumer le régime. Toute chose que ne savent pas faire les leaders du Prd et de l’Un, Adrien Houngbédji et Bruno Amoussou. Si l’image du premier est souvent projetée par les caméras comme président de l’hémicycle, le second lui est porté complètement disparu de la scène politique. Pourtant, il ne se passe pas une semaine sans que le gouvernement de la rupture ne livre à l’opinion un sujet à sensation sur lequel il a souvent besoin du soutien de ses alliés. C’est le cas des nombreuses réformes entreprises par le gouvernement, dont la curieuse décision de privatisation de presque toutes les entreprises d’Etat. Pour des sujets qui sont à l’origine de tant de remous sociaux, on se serait attendu à ce que ces deux alliés de la rupture se prononcent pour apporter leur caution à la démarche gouvernementale.
En tant qu’alliés politiques du gouvernement, ces partis devraient régulièrement monter au créneau pour réitérer leur soutien au régime, ses actions et orientations politiques, économiques, culturelles et éducatives. Par contre, en faisant économie d’engagement à appuyer le régime dans ses choix, on a l’impression que ces deux alliés politiques ne veulent pas réellement assumer leur soutien au gouvernement Talon, c’est-à-dire s’allier par conviction au gouvernement avec la détermination de réussir ou d’échouer avec lui. Le cas échéant, le Prd et l’Un devraient se préparer pour les trois prochaines années électorales successives : 2019, 2020 et 2021 ; à battre campagne en assumant les choix et les réalisations de leur partenaire politique.
L’agenda caché de l’économie d’engouement
Mais le peu d’engouement affiché par ces leaders est plutôt révélateur d’un agenda caché. Celui de démarquer des actions du régime en place, pour ensuite les utiliser comme argument de campagne contre lui, au cas où le bilan serait négatif. Il sera alors question de se laver les mains et retourner sa veste. C’est pour cela qu’il convient d’appréhender ce soutien ambigu du Prd et de l’Un au régime du nouveau départ, comme une posture prudente qui préparerait les dirigeants à retourner rapidement foutre le camp au cas où…
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