Le parti du renouveau démocratique (Prd) était à son 4e congrès ordinaire ce week-end. Un congrès au cours duquel le leader de ‘’tchokotchoko’’ a tenu un discours fleuve de2000 mots. Un discours très applaudi par les militants, amis et sympathisants. Cependant, certains passages de cette allocution du président national du Prd méritent d’être épluchés. Il s’agit notamment de ce que le président des « tchokotchoko » considère comme la stigmatisation de son parti de la part de ceux qui se considèrent comme les Rupturiens de la 1ère heure d’une part, et de l’évocation de sa succession sans précision sur la date de son à la tête du parti.
Le 4e congrès ordinaire du parti du renouveau démocratique a eu lieu ce week-end dans la capitale politique du Bénin, Porto-Novo. Un congrès qui se veut être celui de l’enracinement confirmé et perpétué, mais aussi et surtout de l’option politique assumée. L’ancien premier ministre sous le général Mathieu Kérékou dans les années 90 a tenté de répondre à certains proches du chef de l’Etat qui se réclament être des ‘’ouvriers de la première heure ’’et du coup, rejettent systématiquement les alliés d’après victoire comme le Prd. Houngbédji les invite à une interprétation saine de cette parabole, parce que pour lui, elle ne prône pas l’exclusion, le ressentiment,mais plutôt l’apaisement, le rassemblement. En se ralliant au camp présidentiel à la veille de l’élection de 2016, il était convaincu que Lionel Zinsou accédera à la magistrature suprême. Malheureusement,les données ont radicalement changé et son parti a été humilié et mis devant le fait accompli du fait de la volonté populaire.
Mais Adrien Houngbédji semble être surpris d’essuyer de vives critiques après son revirement spectaculaire et le changement brutal dediscours ,juste après l’élection présidentielle.Talon ne peut récompenser que ceux qui ont travaillé pour sa victoire et c’est dans l’ordre naturel des choses. Le président des « tchokotchoko » et les siens ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes et doivent comprendre pourquoi ils sont « mal aimés ».Mais il ne démord pas et pour vanter les atouts de son parti au cours de son allocution: « …C’est son mérite d’avoir perçu que nos structures verticales et horizontales, nos cellules, nos sous sections, nos sections, nos militants peuvent constituer pour lui des atouts importants pour son action, dès lors qu’ils sont pris en charge par le pouvoir. A ce sujet, bon nombre de nos cadres et nos militants ressentent de légitimes frustrations. Ils estiment que les fruits ne tiennent pas encore les promesses des fleurs ».
Le message semblait être adressé subtilement au pilote de la rupture comme pour l’interpeler sur la redistribution des opportunités.Mais cette invite à l’endroit du « Agbonnon » national semble désespérée puisqu’il ne semble pas reposer sur un gentlemen agreement bien ficelé. Et même la brouille de Talon avec Sébastien Ajavon devrait alerter le fils de Porto-Novo sur le fait qu’en politique, les « promesses n’engagent que ceux qui y croient », comme lui-même l’avait proclamé par le passé.
C’est pour dire qu’en réalité, Talon ne doit rien au Prd dans son accession à la magistrature suprême. Il n’est pas tenu par un engagement vis-à-vis de cette formation politique, encore moins vis-à-vis de son leader. On pourrait donc considérer que les frustrations dont parle Adrien Houngbédji sont loin d’être légitimes. La véritable raison pour laquelle Patrice Talon tient au Prd, c’est par rapport à ses réformes au parlement. Et il compte plus sur Adrien Houngbédji qui est le président de cette institution. A bien y voir, Talon est dans la logique d’un deal avec Houngbédji et non avec tout le parti Prd. En plus c’est faire preuve de naïveté que de penser que Talon a complètement oublié que le Prd a soutenu un autre candidat lors des dernières élections présidentielles. C’est donc rêver que d’espérer Talon faire la promotion de quelques cadres de ce parti.
Incertitude sur son départ à la tête du parti
Avant la tenue du congrès de samedi dernier, des informations avaient circulé et faisaient état de ce qu’Adrien Houngbédji cèderait sa place à la tête du parti. Des noms de certains cadres bien connus ont été cités comme potentiels successeurs. Seulement, ces derniers vont devoir patienter encore, parce que leur leader reste en place pour le moment. Même s’il a évoqué l’éventualité de sa succession, il est resté mystérieux sur la date. Se contentant seulement de dire qu’un comité de sages a été créé pour assurer une succession apaisée le cas échéant. C’est donc dire que le doute plane encore sur cette échéance que certains cadres du parti appellent de tous leurs vœux.
Mais pour qui veut être réaliste, il faudra encore attendre au moins après 2021. Puisque trois années électorales capitales s’annoncent et se suivent. Les législatives en 2019, les communales et municipales en 2020 et la présidentielle en 2021. Il faut être rêveur pour penser que le président des « tchokotchoko » quitterait la barque avant ou pendant cette période électorale décisive. C’est pourtant la période des alliances, de la «vente des logos » pour reprendre l’expression de Lionel Zinsou et donc une période de rente qu’aucun leader conséquent ne saurait hypothéquer
Laisser un commentaire