Bénin : La Cour constitutionnelle face aux pressions de tous les camps

L’attente de la décision de la Cour constitutionnelle sur les lois votées au parlement qui portent sur la suppression du droit de grève à certains agents de l’Etat, est devenue un sujet de grande préoccupation. Les mouvements d’humeurs déclenchés depuis le vote de ces lois au parlement, donnent à ce verdict de la Cour une très grande ampleur. De même, les déclarations des députés qui ont voté ces lois tout comme les réflexions produites par les idéologues du pouvoir, participent elles aussi à tenir les membres de la Cour en haleine. Mais la Cour pour demeurer dans son rôle de gardienne de la constitution devra se placer au dessus de la mêlée pour ne dire que le droit en son âme et conscience.

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Les membres de la Cour constitutionnelle réussiront-ils dans la décision qu’ils s’apprêtent à rendre, à résister aux différentes pressions exercées par les acteurs des différents camps ? Difficile de répondre à cette question sans verser dans la supputation à moins d’avoir le don de divination. Car la situation telle qu’elle se présente est vraiment embarrassante pour les membres de ladite Cour. La  décision de la Cour sur la question est attendue avec impatience.

En attendant qu’elle se prononce dans un sens comme dans un autre, les différents camps rivalisent d’arguments et d’initiatives pour influencer de façon directe ou détournée cette décision de la Cour. Les agents de l’Etat qui contestent le retrait du droit de grève, utilisent les mouvements de grève comme moyen efficace pour faire entendre leur désapprobation.

L’offensive des syndicats

Les centrales et confédérations syndicales n’ont pas attendu que le retrait du droit de grève soit étendu à tous les agents de l’Etat pour appeler tous les fonctionnaires à des mouvements de grève générale d’une durée de 72h. Une  grève que ces centrales considèrent comme étant celle de l’avertissement. L’ambition étant de passer,si le droit de grève n’est pas reconduit, à une grève  tous les 5 jours ouvrables avec tacite reconduction. Une étape de la grève que les magistrats ont adoptée directement sans passage intermédiaire. Ici, le personnel de la justice à la robe, n’entend pas se voir retirer le droit de grève quoi qu’il arrive.

Le mouvement de grève que le syndicat des magistrats a lancé la semaine dernière, se poursuit cette semaine avec la même ferveur. Dans le même sillage, la grève générale appelée par les confédérations et centrales syndicales a débuté hier mardi 16 janvier avec une grande adhésion des fonctionnaires. Mais le gouvernement et les députés partenaires n’ont pas lâché prise.

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La contre-attaque du gouvernement

Ils ont entrepris depuis le vote de ces lois, une campagne médiatique et de sensibilisation pour expliquer aux populations le bien-fondé de ce retrait du droit de grève. Ils affirment que c’est au constat des abus observés dans l’exercice de ce droit de grève que les députés soucieux des populations, ont jugé opportun de mettre fin à ce droit de grève. Par ailleurs, des juristes à la solde du gouvernement,  à l’instar d’un célèbre avocat, connu pour son opportunisme et son caractère versatile, appelle la Cour constitutionnelle à fonder sa décision sur sa jurisprudence de 2011 qui considérait le droit de grève comme n’étant pas un droit absolu.

En renfort, des journalistes recrutés pour la cause, produisent des articles de propagande dans lesquels ils annoncent l’imminence du verdict de la Cour constitutionnelle. Un verdict qui selon leur projection, sera à la faveur du gouvernement, c’est-à-dire qui confirmera la suppression du droit de grève. C’est donc en pleine épreuve des nerfs que les membres de la Cour constitutionnelle devront rendre leur décision

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