Voici déjà deux mois que Laurent Mètongnon est détenu par la justice. D’abord huit jours dans le cadre de la garde à vue, puis le mandat de dépôt pour la prison civile de Cotonou, signé du procureur de la république près le tribunal de première instance de Cotonou.Un mandat de dépôt reconduit par le président du tribunal de première instance de Cotonou, lors de la première audience du procès, tenue le 19 décembre 2017. C’est cela le prix à payer pour ce militant du parti communiste, par ailleurs secrétaire général du Syntra-finances. Sur le terrain syndical comme sur le champ politique, Laurent Mètongnon est connu comme un militant courageux, qui a à cœur de défendre les intérêts des populations.
Son engagement militant date de la période du régime marxiste-léniniste. Il a connu des tortures et des arrestations arbitraires. Laurent Mètongnon figure parmi les militants du parti communiste, qui ont poussé le président Kérékou dès 1989, à changer de fusil d’épaule jusqu’à l’acceptation de la tenue de la conférence des forces vives de la nation en février 1990. Et, son engagement à dénoncer les dérives des régimes successifs du Bénin à l’ère démocratique, ne s’est pas essoufflé. Il faisait partie des militants de sa formation politique, qui ont dénoncé Soglo, combattu Kérékou et décrié Yayi Boni.
Un militant déterminé
Mais pour une fois, alors que certains observateurs qualifiaient le parti communiste du Bénin, de parti des éternels insatisfaits, ses militants ont presqu’appelé les populations à voter Talon lors de la présidentielle de 2016. Une grande première. Mais l’euphorie n’aura été que de courte durée. En juillet 2016, invité par la Fondation Friedrich Ebert aux « Soirées politiques » dont le thème portait sur les 100 premiers jours de gouvernance du régime Talon, Laurent Mètongnon vide son sac et démontre dans un argumentaire méthodique, les signes annonciateurs d’une gouvernance orientée vers la formation d’une caste qui entend contrôler tous les leviers du pouvoir économique. A l’occasion, il démontre des contradictions décelables entre les promesses de campagne et la pratique du pouvoir Talon.
Le courage de dénoncer
Au cours de ce débat où les autres panélistes semblaient caresser le régime dans le sens du poil, Laurent Mètongnon s’était démarqué par une analyse politique pointue, franche et détachée de toute hypocrisie. Et depuis ce passage dans Soirées politiques, Laurent Mètongnon s’était tiré une balle dans la jambe… devenu l’ennemi à abattre des médias commis pour la cause. Des insinuations sans fondements avaient été faites sur son passage au ministère des finances. Mais tout cela n’a pas refroidi l’ardeur de ce dernier qui est devenu par la suite, organisateur général du Front pour le sursaut patriotique, Fsp.
Un mouvement politique qui rassemble plusieurs mouvements et formations politiques. C’est le Fsp qui est devenu le principal parti d’opposition, et qui a fait un sit-in payant de deux jours à l’Assemblée nationale lors du vote du projet de loi sur la révision de la constitution en avril 2017.
La morale stoïcienne
Depuis lors, Laurent Mètongnon est fiché comme ennemi public numéro 1. Il fallait trouver un stratagème pour le mettre hors d’état de nuire. Son dossier au ministère des Finances était propre avec félicitation de tous ses supérieurs hiérarchiques successifs. Un lieu où il a laissé la réputation de monsieur propre. C’est donc du coté de la Cnss où il a été Pca, que les fins limiers ont trouvé du grain à moudre avec une affaire de commissions occultes aux contours flous.
La suite est connue avec un procès dont le verdict, selon certaines indiscrétions, semble avoir été arrêté d’avance. Quoi qu’il en soit, Laurent Mètongnon est préparé aux supplices, lui qui s’est donné pour mission de défendre la cause des sans voix
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