Les lois soumises au vote des députés à l’Assemblée nationale, que le gouvernement considère comme la manifestation de ses réformes, souffrent d’un grand déficit, l’absence de débat public préalable. C’est ce qui fait que ces lois une fois votées, sont sources de mécontentement et tensions populaires. Quelles peuvent bien être ces réformes, destinées à améliorer les conditions de vie des populations, mais qui ne rencontrent pas leur assentiment ? Le président Patrice Talon a exprimé le vœu qu’à la fin de son mandat, il soit porté en triomphe par des populations.
Pour y parvenir le président doit mettre sur pied un mode de gouvernance innovant fondé sur l’efficience et l’efficacité. C’est ce qui donne lieux à des réformes dans presque tous les secteurs de la vie publique. Ces réformes passent par un corpus de lois votées au parlement et qui apportent des changements dans la manière de servir, de revendiquer, de promouvoir, de recruter et de gérer les biens publics.
Mais ce qui intrigue dans les réformes du président Talon, c’est que les lois votées au parlement atterrissent presqu’en catimini. Cette gestion opaque des lois desquelles doivent être produites des réformes, reste l’un des 7 péchés capitaux du gouvernement Talon.La réforme, entendue comme innovation ou comme changement apporté à une pratique préexistante, il y a lieu de se demander si l’on peut penser une réforme sans envisager un débat public préalable ?
Puisque la réforme apportant une modification d’une pratique donnée, il faudrait que les acteurs impliqués à cette pratique soient consultés et même associés à la conception ou du moins à l’appréciation de la réforme. Il s’agit concrètement pour le cas du secteur de la santé par exemple, qu’après la remise du rapport de la commission, que les acteurs du secteur soient convoqués pour apprécier les suggestions et proposent des amendements. C’est le résultat de ce travail qui devra être compilé et proposé comme projet de loi de réforme du secteur de la santé.
C’est le même procédé qu’on aurait dû utiliser pour ce qui concerne la fusion de la gendarmerie et de la police, des projets de lois sur l’embauche, sur le placement de la main d’œuvre, sur les collaborateurs extérieurs, sur l’encadrement du droit de grève, sur la charte des partis politiques, sur le secret défense, sur le renseignement etc.
Malheureusement, les projets de lois et propositions de lois introduites à l’Assemblée nationale ne sont pas précédés de débats publics préalables et de consultation des acteurs concernés. Ces lois sont conçues dans la clandestinité, transmise dans l’opacité au parlement et votées de façon scélérate. C’est pour cela qu’une fois promulguées, ces lois sont sources de tension, de soulèvement et de crises sociales comme c’est le cas avec le retrait du droit de grève. Et la question que certains observateurs se sont souvent posée est celle de savoir comment une réforme peut être pensée, élaborée et adoptée sans que les acteurs concernés ne soient mêlés au début, à la suite ou à la fin du processus ?
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