Sepsis maternel « C’est une infection très grave qui conduit à la mort »

Face à la recrudescence de décès de femmes enceintes, ou celles étant dans les 45 jours suivant l’accouchement, dus au sepsis maternel, votre journal s’est intéressé à cette maladie qui tue silencieusement. A la faveur d’une interview accordée à notre rédaction, Guy Bio Yérima, médecin gynécologue en service à l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi, en parle et déplore un fait -l’automédication-, qui selon lui inhibe la lutte contre cette maladie.

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Qu’est-ce que le sepsis maternel ?

Le sepsis maternel est un état infectieux de la maman, qui est soit enceinte, soit dans les suites de couche c’est-à-dire jusqu’à 42 jours après l’accouchement. Alors, toute infection qui intervient au cours de cette période-là se définit comme un sepsis maternel.

Comment reconnaître qu’une femme est atteinte du sepsis maternel ?

La femme enceinte va présenter dans la plupart des cas une fièvre, et c’est généralement une forte fièvre ou une hypothermie, c’est-à-dire que sa température baisse complètement (en dessous de 36 degrés). Et de ce fait, son cœur va battre très rapidement (tachycardie), ou bien le cœur va ralentir et battre très faiblement, là on parle de bradycardie. C’est une femme qui a des extrémités froides, c’est à dire le bout des doigts et des pieds froids. C’est une femme chez qui la tension artérielle peut baisser, c’est-à-dire que la pression du sang dans ses vaisseaux va diminuer. Et c’est une femme chez qui on peut observer des difficultés respiratoires. La femme peut se retrouver dans un état de choc, de coma. Cet état comateux peut conduire à son décès s’il n’y a pas de traitement adéquat. Et c’est surtout ça qui fait que le sepsis maternel est aujourd’hui une préoccupation pour les acteurs publics, puisque le sepsis maternel mal traité peut conduire à la mort.

Comment alors prévenir cette maladie ?

La prévention du sepsis maternel passe déjà par des règles d’hygiènes que la maman même doit observer, c’est-à-dire maintenir son cadre de vie dans une certaine propreté pour éviter de s’inoculer soi-même des microbes, des bactéries ou champignons qui peuvent être sources d’infection. C’est aussi le respect des règles d’asepsies en milieu de soins, pour ne pas infecter la patiente de germes. Il s’agit également d’apporter une certaine antisepsie, c’est à dire rapidement éliminer des germes, si éventuellement ils ont été apportés, afin qu’ils ne puissent pénétrer dans l’organisme pour provoquer la maladie.

Existe-il une prise en charge pour le sepsis maternel dans les différentes formations sanitaires ?

Oui, il existe une prise en charge du sepsis maternel dans les formations sanitaires. Ce sont des antibiotiques à forte dose qu’on va administrer à la femme enceinte. Lorsqu’il y a l’état de choc, il y a des mesures de réanimation à prendre pour permettre à la personne de bien respirer et d’avoir une bonne circulation sanguine. Mais le traitement de fond est l’anti biothérapie, puisque ce sont des germes qui sont responsables de toute cette situation. Le sepsis est une infection très grave pour laquelle les différents systèmes de santé œuvrent à apporter des solutions. Mais il y a un fait qui inhibe un peu cette lutte : c’est l’automédication. C’est l’automédication qui fait que les antibiotiques sont de plus en résistants. Et lorsque les résistances sont créées, on a moins d’armes pour faire face à certaines infections.

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Réalisation : Eric Amou

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