Depuis la rencontre du chef de l’Etat avec les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales, une polémique a vu le jour. Elle porte sur la marge de manœuvre dont doit jouir le chef de l’Etat dans l’exercice de ses fonctions. Les tenants de cette formule, allèguent que le chef de l’Etat n’a besoin de recourir à qui que ce soit pour décider de l’orientation à donner dans le cadre de la gestion des affaires publiques. Cette formulation qui est fondée en partie, souffre de l’ignorance par ces auteurs de l’approche moderne de gouvernance qui repose sur la concertation et l’intégration des populations à la gestion des affaires de l’Etat.
La gouvernance moderne aujourd’hui appelle à une forme collégiale voire participative dans la gestion du pouvoir. Les approches actuelles de gestion du pouvoir prescrivent plus l’intégration des populations que la concentration des pouvoirs de décision entre les mains du seul chef de l’Etat. C’est cette approche qui a donné lieu à la déconcentration et à la décentralisation. Par la déconcentration, l’Etat créé des services centraux et décentralisés qui se spécialisent dans le suivi des questions précisent de la vie de la nation. On parle alors de ministères, de directions générales et d’agencesnationales avec leur démembrement sur l’ensemble du territoire. Une répartition des compétences qui ne laissent au chef de l’Etat que le rôle de coordination de l’action gouvernementale ou administrative. Par décentralisation, des pouvoirs sont donnés auprésident de région, services déconcentrés de décider et de gérer en rendant sous la tutelle du préfet ou central des questions relevant de leur territoire de compétence. Ce sont les services départementaux et les communes à qui ces pouvoirs sont souvent délégués.
La décentralisation
La pratique politique moderne prescrit aussi des séances de concertation avec des populations pour requérir leurs avis sur certaines réalisations qui appellent soit leur participation ou qui pour être matérialisées vont créer des dommages à ces populations. Parfois, il est question d’interroger des populations sur les investissements à réaliser dans certaines localités. Cela doit partir du principe que les besoins en réalisation doivent émaner des populations qui les énumèrent par ordre de priorité. C’est ce que la sociologie politique appelle les « in put » pendant que les solutions aux doléances des populations sont appelées « out put ». Le gouvernement ne peut donc pas être à la fois celui qui identifie les besoins des populations et qui s’emploie à les résoudre. De même le gouvernement ne perd rien à expliquer aux populations le bien fondé des actions qu’il entend mener soit sur l’ensemble du territoire soit sur une partie du pays. Il est de plus en plus observé aujourd’hui que l’Etat engage des négociations avec les représentants des travailleurs pour réfléchir sur une éventuelle privatisation d’une entreprise d’Etat. De même, des représentants d’une communauté villageoise sont associés à des réunions avec le gouvernement pour étudier ensemble les conditions pacifiques d’expropriation de ces populations d’une partie de leurs terres pour cause d’utilité publique.
La nécessaire intégration des populations
Le gouvernement ne perd pas en crédibilité ni en légitimité parce qu’il rassemble les opérateurs économiques pour penser ensemble le modèle économique à adopter pour booster la création des richesses et des emplois. Associer les populations dans la gestion des affaires du pays est la forme de gestion la plus pratiquée aujourd’hui. Elle a comme avantage de permettre au dirigeant de se rapprocher des populations, de saisir et comprendre leurs aspirations. Le Pag qui demeure un grand mythe pour beaucoup aujourd’hui aurait pu être untrès grandprojet de développement, si au départ le chef de l’Etat avait pris le soin d’aller en discuter en avance avec les populations et que ce soit la synthèse de ces échanges qui fût produit comme telle aujourd’hui. Parce que le Pag est perçu jusqu’à présent comme une recette miraculeuse du chef de l’Etat. C’est ce qui fait la difficulté dans l’appropriation par les populations de ce programme dit ambitieux et de développement. C’est qu’en général, il est difficile de penser le bien être des individus sans recueillir leurs avis ou à tout le moins les associer à la réflexion. Parce que comme disaient les penseurs : « il n y a pas de bonheur commun ni de commune mesure du bonheur ». Dès lors, il pourrait arriver que pour n’avoir pas associé les acteurs concernés ou les personnes bénéficiaires, on se retrouve à créer le malheur là où on était sûr d’apporter du bonheur
Répondre à Agadjavidjidji Annuler la réponse