Bénin : Une opportunité pour le pouvoir de se réconcilier avec son peuple

Sur les deux rencontres qui ont eu lieu jusqu’ici, le mardi 30 janvier et le vendredi 2 février 2017, rien d’important n’a été obtenu. Après le dialogue de sourds qui a caractérisé la rencontre du mardi 30 janvier, c’est le statuquo qui résume celle de vendredi 2 février. Rien de concret si ce n’est les positions rigides de chaque camp. Pourtant, un véritable dialogue social doit être l’occasion au cours duquel le gouvernement se réconcilie avec son peuple. C’est donc sera l’occasion pour ce dernier de trancher les questions qui divisent les deux parties. Il s’agira pour le chef de l’exécutif de réaffirmer la consécration des droits de l’homme et des libertés, d’accepter de rediscuter les privations et les réformes et sceller avec les partenaires sociaux, des clauses sincères de résolution de l’épineuse question de l’amélioration des conditions de traitement des agents de l’Etat. Il est attendu le chef du gouvernement lui-même qui doit entrer en scène pour redonner au dialogue social tout son sens.

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Les rencontres sur le dialogue social sont plus à l’avantage pour le gouvernement. Celui-ci est censé se saisir de ces occasions pour écouter et percevoir le regard que les représentants des travailleurs ont de sa gestion des affaires. Il gagne à écouter les partenaires sociaux apprécier ses décisions et ses réalisations. A l’occasion, le régime expose sa philosophie de gouvernance. Le dialogue social a donc pour  finalité, d’écouter les partenaires sociaux, d’enregistrer leurs observations et de redéfinir le contrat social pour l’arrimer autant que possible aux aspirations de la volonté générale en opérant une savante conciliation entre les potentialités de l’Etat et les « input » des syndicats. Il est prévu une troisième rencontre ce lundi dans le cadre de ce dialogue social. Mais des observateurs restent pessimistes quant au dénouement des travaux. Il est observé une certaine impuissance des membres du gouvernement présents à trancher sur certains points soulevés par les centrales syndicales.

Les exigences des syndicats

C’est le cas de l’arrêt des poursuites contre Laurent Mètongnon, Sg de Syntrafinances, et le rétablissement à ses fonctions de Patrice Trèkpo, SgSynEfc. Deux situations que les Sg des centrales syndicales considèrent comme une violation des libertés syndicales marquée par un acharnement vis-à-vis des défenseurs de la cause des travailleurs qu’ils sont. Mais la réaction du gouvernement devant ces exigences, a été qu’on laisse  poursuivre les procédures enclenchées contre l’un et l’autre. C’est  cette réponse du gouvernement qui constitue le principal point d’achoppement entre les deux partenaires. C’est aussi le statu quo sur des autres aspects liés aux réformes engagés par le gouvernement, notamment celui du secteur de la santé et la question des privatisations de certaines entreprises d’Etat. Les centrales syndicales estiment que la privatisation de ces entreprises a été décidée de façon unilatérale par le gouvernement.

Ceci en violation de l’article 6 de la charte sur le dialogue social, qui dispose que le gouvernement ne peut pas engager de réformes sans consulter les partenaires sociaux. Il reste donc seulement à espérer que la rencontre prévue entre le président de la République et les Sg des centrales syndicales demain mardi 6 février 2018, au cours de la rencontre avec le chef de l’Etat que celui-ci se prononce  sur les salaires jugés exorbitants des membres des cabinets ministériels et   autres collaborateurs. Un sujet à polémique qui donne l’impression d’un traitement à plusieurs vitesses des agents de l’Etat.

Le gouvernement face à ses responsabilités

La révélation de ces salaires a fait répandre un sentiment d’injustice auprès des responsables des organisations syndicales. Si par dialogue, on entend un échange franc et sincère, la recherche de compromis, il n y aurait pas de doute à penser que cette rencontre de demain mardi avec le chef de l’Etat ne sera pas une simple séance d’information, mais une séance de travail axée sur la recherche concertée des solutions aux problèmes soulevés par les représentants des travailleurs. En acceptant par exemple d’arrêter des poursuites contre le syndicaliste Laurent Mètongnon, en décidant de rétablir Patrice Trèkpo dans ses fonctions, le chef de l’Etat aura pris là des résolutions qui détendront l’atmosphère.

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En ce moment, les partenaires sociaux  pourront à leur tour certainement accepter quelques concessions au gouvernement notamment sur les réponses à apporter aux  revendications des différentes corporations.  Mais le gouvernement est-il disposé à instaurer un véritable dialogue, à concéder aux syndicats quelques  exigences ? Tout dépendra de lui, puisque le succès de ce dialogue est beaucoup à l’avantage du gouvernement que des syndicats. La balle est donc dans son camp

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