Invité hier jeudi 22 février 2018 à l’émission de décryptage sur Sikka Tv, Me Ibrahim Salami s’est prononcé sur l’affaire d’argent qui a été dérobé chez l’ancien ministre des Finances, Komi Koutché. Non seulement, il a remis en question le montant avancé par le gouvernement, mais il s’est étonné que le gouvernement décide de revenir sur une affaire qui a déjà fait l’objet d’un jugement sans appel depuis deux ans.
Il sera vraiment difficile au gouvernement de convaincre l’opinion de son objectivité dans le cadre de la lutte contre la corruption engagée depuis peu. C’est l’impression qui se dégage des explications données par Me Ibrahim Salami au sujet de l’affaire de l’argent dérobé chez l’ancien ministre des finances Komi Koutché, et pour laquelle le gouvernement a adressé au parlement une autorisation de poursuite à son encontre. Sur le plateau de Sikka Tv, Me Salami a d’abord tenu à dire qu’il y a une grande disparité entre le montant avancé par le directeur de la communication à la présidence de la République, lors de son passage du vendredi 16 février 2018 sur la radio Océan Fm et la réalité. Il a expliqué que le montant de 700 millions avancé par le Dircom de la présidence « est un mensonge ». Il a été catégorique sur le fait que le montant réel de l’argent dérobé est de 92 millions cent soixante douze mille francs, selon dit-il des chiffres qu’il pu vérifier auprès du tribunal de Savalou.
Un montant inventé
Il estime que le chiffre de 700 millions avancé est de nature à livrer à la vindicte populaire l’ancien ministre des Finances. Il a aussi rappelé le contexte qui était celui de la précampagne des élections présidentielles de 2016. Relevant que Komi Koutché était connu comme étant le directeur de campagne du candidat Lionel Zinsou. Et que c’est dans ce contexte qu’il détenait par devers lui cette somme d’argent qu’il devait utiliser dans le cadre de la campagne électorale. Le juriste a expliqué à l’opinion que le code électoral du Bénin autorise pour des besoins de campagne de la présidentielle, un budget pouvant aller jusqu’à 2 milliards 500 millions de Fcfa. Revenant sur la possible question de droit qui peut porter sur la détention de telles sommes à son domicile, Me Salami répond qu’aucune loi en sa connaissance n’interdit de garder chez soi une somme d’argent. Tout comme la loi n’a pas limité la somme qu’on peut détenir à domicile. Il s’étonne de l’opportunité de ces poursuites envisagées.
Des visées politiques mises à nu
Par ailleurs, Me Salami a exprimé son étonnement de voir le gouvernement relancer une affaire qui a déjà fait objet d’un jugement depuis le 4 avril 2016 au tribunal de Savalou. Indiquant que les mis en cause ont été jugés et condamnés à 24 mois d’emprisonnement avec sursis, sans que le parquet ne fasse appel. Il ne comprend donc pas la logique qui peut justifier l’exhumation de cette affaire en ce moment. Si ce n’est à des fins politiques : « il s’agit d’un scénario, d’une comédie loufoque ». Me Ibrahim Salami s’étonne que le conseil des ministres n’ait pas pris un minimum de précautions pour savoir que cette affaire a déjà été vidée dans le cadre de la justice. C’est pour cela qu’il arrive à la conclusion que les poursuites judiciaires annoncées contre l’ancien ministre des Finances, relèvent des démarches politiciennes. Il s’agit, affirme Me Salami, de trouver à tout prix des prétextes pour poursuivre un adversaire politique de poids. Il ne perd pas de vue le fait qu’en livrant de telles informations à l’opinion, même si elles ne sont pas fondées, cela va entamer même partiellement la réputation du concurrent politique. Cette bataille qui recourt à des moyens déloyaux en politique impacte malheureusement l’opération de lutte contre la corruption qui perd de son capital crédit
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