Après la décision rendue par le tribunal, l’affaire dite des faux médicaments ne finit pas de livrer ses facettes. Invité hier matin sur canal3 pour en parler, le Dr Dayane Amadou membre de l’intersyndicale des pharmaciens du Bénin a dénoncé les insuffisances enregistrées et les défaillances notées dans l’affaire des faux médicaments.
Avec force détails, l’invité de Thanguy Agoi a démontré comment à aucun moment on ne saurait parler et être condamné pour vente de médicaments falsifiés, d’exposition et détention en vue de vente ou vente de substances médicamenteuses falsifiées, corrompues ou toxiques, de complicité d’exercice illégal en pharmacie. À cet effet, Dr Dayane Amadou rappelle à juste titre le circuit du médicament tel qu’indiqué par les textes.
“Un médicament pour être vendu légalement doit recevoir une autorisation de mise sur le marché encore appelée Amm, délivrée à la suite d’une étude de dossier par un comité d’experts hautement qualifiés. Après cela, le même médicament doit encore recevoir un visa de commercialisation co-délivré par le Ministère de la Santé et la Direction des pharmacies”, rappelle le pharmacien.
C’est après tout ceci que le laboratoire fabriquant se rapproche des grossistes aux fins d’arrêter les conditions d’introduction de ce marché béninois. « Où se situe la responsabilité des grossistes aujourd’hui condamnés ? », se demande Dr Dayane Amadou. Sous quel prétexte condamner des pharmaciens pour trafic de faux médicaments, alors même que ce sont les structures du Ministère de la santé qui ont bien autorisés la vente des médicaments New Cesamex, après délivrance des Amm et des visas de mise en consommation.
Un autre scandale en gestation
Pour d’ailleurs pour soutenir sa position et démontrer comment l’Etat induit les sociétés grossistes en erreur, l’invité révèle un autre scandale. C’est le cas de la lettre N° 943/Ms/Dpmed/Slrgp/Damm-R du 22 aout 2017. Cette lettre est un visa de commercialisation pour le médicament Tramacel-P, un comprimé pelliculé. Cette autorisation signée du Dpmed a été accordée au Laboratoire Maverick Healthcare. Elle a été appuyée par la décision N°943/2017/Ms/Dc/Dac/Sgm /Dpmed/Slrgp, portant autorisation de mise sur le marché Béninois du même médicament.
Cette autorisation signée du Ministre de la santé est accordée à Maverick Healthcare. Or en vérité, ce dernier n’est que le représentant des Laboratoires Cian basés en Inde. Dans l’exécution des commandes, les grossistes répartiteurs ont été confrontés à cette situation qui les a beaucoup embêtés. Il existe plusieurs autres exemples similaires qui montrent bien la légèreté des structures compétentes dans la l’organisation de la filière. Pourtant, au tribunal, aucune de ces structures n’a été sanctionnée. On peut bien croire à une justice à double vitesse. “C’est un Atao bis qui est en gestation”, conclut Dr Dayane Amadou.
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