28 ans après la conférence nationale, que reste-t-il de la démocratie béninoise ? C’est cette question qui a réuni hier au Chant d’oiseau divers acteurs autour du thème : « conférence des forces vives de la nation. Devoir de mémoire et d’engagement pour le futur ». Après les discussions en panel, les participants ont tous reconnu qu’en dépit de son parcours flatteur, notre démocratie a encore du chemin à faire.
« Hélas malheureusement, c’est avec beaucoup d’amertume et de pincement au cœur que nous nous apercevons que la route est encore longue, le chemin rocailleux, parsemé de ronces et d’épines avec souvent beaucoup d’incertitudes qui planent au firmament ». Cette déclaration de Gustave Assah, président du Conseil d’administration de Social Watch Bénin à la fin des échanges, résume si bien l’ensemble des échanges faits au cours de ce 1er forum citoyen.
Un forum qui, bien que boycotté par les membres des institutions de la république, a connu un succès franc au regard du profil des panelistes et des déclarations fortes enregistrées. Le premier panel avait permis d’avoir les témoignages de Sylvain Adékpédjou Akindès, du Général Felix Hessou, de Mme Do Rego et de Me Sadikou Alao. M. Akindès a livré la confidence que « la constitution du 11 décembre 1990 n’est pas une émanation de cette conférence », alors que le général a fait témoignage de la fidélité de l’armée à son engagement à se retirer de la vie politique.
Le 2e panel était constitué du député Valentin Djènontin, de Basile Tchibozo, Léontine Idohou et Narcisse Tomety. Ce dernier nous amène sur les égarements actuels de notre système politique, pour montrer qu’il y a urgence à rechercher un modèle de développement propre à notre pays, et le type du Béninois que nous voulons. Djènontin se fait plus acerbe : « Les acquis disparaissent. Tel que les choses évoluent, je me dis qu’on a donné une date de péremption pour le principe actif de la démocratie ».
Le rôle de la prière n’est pas à négliger dans la réussite de cette conférence, ont reconnu Léontine Idohou et le professeur Albert Tévoédjrè. Le Père Pénoukou a renchéri en disant que « Dieu a mis la main sur le Bénin ». Mais c’est le professeur Paulin Hountondji, acteur de cette conférence, qui fait le diagnostic le plus pertinent de notre situation actuelle.
« Nous n’avons pas anticipé sur le pouvoir de l’argent et l’asservissement auquel il peut conduire. La puissance de l’argent peut écrouler tout notre édifice démocratique ».
Une belle conclusion qui rejoint les inquiétudes de Gustave Assah.
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