En optant le vendredi 9 mars 2018 de réprimer la marche organisée par le Front pour le sursaut patriotique à Cotonou, les autorités gouvernementales ont procédé sans le prévoir à la promotion des combats menés par ce regroupement politique. Une preuve tangible que ces manifestations que certains médias présentaient autrefois comme des marches sans réelle incidence sur les populations, commencent à devenir une source d’insomnie pour le pouvoir.
Le Front pour le sursaut patriotique a encore bénéficié le vendredi 9 mars 2018 de la promotion par le gouvernement de ces combats. C’était à travers la répression de la marche de protestation organisée ce jour par le Front pour le sursaut patriotique. La horde de policiers qui avait constitué une barricade au niveau du carrefour Marina, avait à travers l’arrêt subit de cette marche, contribué à sa promotion. Les populations du quartier Sikécodji nord et sud, qui n’étaient certainement pas au courant de cette marche, ont finalement été alertées en constatant la présence massive des automobiles, des motos et des piétons dans les rues du quartier. Cette densité inhabituelle du trafic les a conduits, jeunes et adultes au fond du quartier à chercher à comprendre les raisons de cette affluence. C’est alors qu’il leur a été expliqué que c’est la marche du Fsp qui a été arrêtée au niveau du carrefour Marina qui en est la cause. Il s’en suivra alors des déplacements des foules de curieux de l’intérieur du quartier pour le carrefour Marina.
Ces curieux ont certes été tenus à bonne distance par des policiers en faction sur les différents carrefours qui mènent dans le quartier. Mais ils ont pu constituer des regroupements importants d’individus le long des voies. Après renseignement sur la situation, ces groupes spontanés ont manifesté de la sympathie pour les organisateurs de la marche, c’est-direle Fsp. En réaction ils ont à distance, proféré des propos de sédition à l’endroit de la police. Et c’est l’arrivée du préfet du Littoral sur les lieux qui a ravivé la tension. La réaction des curieux était comme si la vue du préfet du Littoral déclenchait une rancœur refoulée. Des cris stridents, des huées, des injures, tout y est passé. Puis lorsque la police est passée à l’action en déversant de l’eau àpartir de son camion avec canons à eau, les populations venues des quartiers ont éprouvé de la peine. L’entrée en scène des agents de la police, matraque en main et chargés de bouclier pour repousser les manifestants, a suscité de la colère auprès des curieux. Une colère que les populations ont exprimée en brûlant des pneus de véhicules.
Dans le quartier, c’est le sujet de la répression de cette marche qui revenait dans toutes les conversations. La détonation provoquée par la projection du gaz lacrymogène sur les manifestants, a créé non seulement de la débandade, mais aussi a renforcé la sympathie des populations pour les organisateurs de la marche et de la mésestime pour les autorités. On a entendu des populations au niveau du rond point étoile rouge échanger avec quelques manifestants après que la marche eut été complètement dispersée, qu’elles souhaiteraient elles aussi être invitées et informées de la tenue des prochaines marches pour témoigner de leur adhésion aux combats du Fsp. Ces personnes proposaient de densifier la participation des populations à ces marches pour que le gouvernement se rende compte que les raisons qui président à l’organisation de celles-ci sont partagées par la majorité. Voilà un effet induit de cette répression de la marche qui est plus une promotion qu’une neutralisation de la marche du Fsp
Les pseudo-raisons
Cette marche aurait pu se dérouler sans être réprimée par la police sur la demande des autorités. C’est vrai qu’avec les vuvuzela, les sifflets, les baffles plein-air fixés sur les véhicules et les autres formes de tapage, le passage des manifestants devait produire écho. Mais l’option d’arrêter cette marche au niveau du carrefour Marina, a plus servi aux organisateurs qu’aux autorités. Les premiers ont pu obtenir la preuve enregistrée par les téléphones et les caméras que la répression des manifestations est une réalité au Bénin. Les médias internationaux présents ont relayé ces faits qui ne font pas du tout la promotion de la démocratie béninoise. Les réseaux sociaux avec la vitesse qu’on leur connait ont diffusé de par le monde, ces images qui ramènent le Bénin à une période que la conscience collective pensait avoir oubliée.
Par ailleurs, la raison de l’itinéraire modifiée, avancée chaque fois pour interdire voire bloquer des marches commencent à être redondante. Hier, la ligne rouge était la rue qui va de la Bourse du travail et qui traverse le quartier qui abrite la résidence du chef de l’Etat, jusqu’à l’Avenue Jean ¨Paul II qui chute à l’aéroport international de Cotonou. Aujourd’hui, la nouvelle ligne rouge, c’est la rue qui traverse le marché Dantokpa. L’argument avancé est que le passage des manifestants au niveau de ce marché est de nature à perturber les activités des commerçants. A l’évidence, cela reste à prouver puisque les marches du Fsp ont déjà traversé au moins trois fois ce marché sans que l’on n’enregistre des incidents qui servent de précédents à l’interdiction actuelle. Les véritables raisons sont donc ailleurs. Elles sont à rechercher dans l’adhésion populaire qu’enregistrent ces marches avec des chants qui exprimentla colère, la déception et le désenchantement des populations vis-à-vis du gouvernement de la rupture et du nouveau départ
Laisser un commentaire