En sa séance du mercredi 28 février 2018, le Conseil des ministres a décrété l’illégalité de la grève des travailleurs des secteurs de justice, de santé et de l’éducation, et a décidé de la radiation des grévistes. Face à cette décision, le secrétaire général de la Confédération des organisations des syndicats indépendants (Cosi-Bénin) Noël Chadaré, se dit triste pour le pays. Il pense que c’est le combat de David contre Goliath que les travailleurs vont mener avec les forces qu’ils ont.
« On n’est pas surpris parce que le gouvernement a décidé de sortir son joker dans le jeu auquel nous participons tous », a confié sans détours Noël Chadaré, secrétaire général de la Confédération des organisations des syndicats indépendants (Cosi-Bénin). Il trouve qu’en décidant de la radiation des travailleurs grévistes sous prétexte que la grève est illégale, le gouvernement a opté pour l’affrontement avec les forces sociales, les forces syndicales, les travailleurs.
« Si le pouvoir a fait l’option de se radicaliser, c’est évident que cela va entrainer une autre radicalisation, celle des travailleurs », a prévenu le Sg. Pour lui, le pouvoir espère en prenant cette décision, qu’il va semer la trouille au sein des travailleurs et que les gens vont courir pour aller dans les classes, les hôpitaux et tribunaux pour travailler. « Nous nous préparons à aller vers nos militants sur le terrain », a confié Noël Chadaré qui pense que le pouvoir parce qu’il est tout puissant, veut écraser tout le monde et décapiter le mouvement syndical. « Nous l’avons su depuis mais nous résisterons. On a vu pire que ça dans ce pays. C’est l’éléphant qui veut écraser la fourmi », dit-il.
Défalcations et rétention de salaires
Le Sg de la Cosi-Bénin indique que si le gouvernement fait l’option de l’affrontement, à leur corps défendant ils vont le combattre. Parce qu’ils sont disposés à discuter. « Nous étions en pleine négociation quand on nous a dit qu’on a défalqué », a-t-il rappelé. Il rappelle que le chef d’Etat les a invités au palais et a dit «retrouvez-vous après les travaux de la commission interministérielle, avec mes ministres pour trouver un consensus. Si le consensus est acquis, je m’engage à mettre cela en application ». Mais le travail pour trouver le consensus n’est pas encore fait et pendant que la commission s’apprête à cela, le couperet de la défalcation tombe sur la tête des travailleurs. «Dans ces conditions, est-ce que le gouvernement a vraiment envie de sortir de cette situation?», s’interroge-t-il. Il invite le peuple béninois à se rendre à l’évidence que non.
Le gouvernement ne pense pas aux enfants qui sont à la maison, aux hôpitaux qui tournent au ralenti, aux juridictions qui sont fermées. «Non content d’avoir jeté l’huile sur le feu, il a décidé de transformer le pays en brasier». Car, non seulement le gouvernement a décidé de la défalcation des salaires, mais aussi de la radiation des travailleurs. Or, malgré la défalcation, les enseignants de la maternelle, du primaire, du secondaire et du supérieur, n’ont toujours pas eu leurs salaires. « C’est inédit depuis l’avènement du renouveau démocratique. On n’a jamais passé un mois sans avoir le salaire du mois. Il est pris en otage par le pouvoir », a insisté Noël Chadaré. Il relève que ce n’est pas aujourd’hui seulement que les travailleurs vont en grève, et que si le pouvoir actuel est là, c’est grâce aux grèves qui ont été faites. Pourtant, personne ne s’est levé pour parler de grève illégale. « Et même si quelqu’un qui se fait passer pour l’éminence grise du gouvernement, donneur de conseils sur le plan juridique, nous restons de marbre par rapport à cette décision qui a été prise », a rassuré le responsable syndical
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