Cette question peut paraitre banale, mais elle mérite d’être posée au moment où l’on veut s’arrêter pour évaluer les deux ans d’exercice du pouvoir du nouveau départ. Elle trouve également toute sa pertinence si on considère une récrimination récurrente entendue tout au long de ces deux années de gestion : « le président Talon est arrivée au pouvoir pour agrandir son empire financier ».
Ces propos ont été tenus depuis 2016 par les secrétaires généraux des centrales syndicales et plus régulièrement par les membres de la coordination du front pour le sursaut patriotique, Fsp. Peut-on accorder du crédit à ses propos ou les considérer comme des simples récriminations des opposants qui ne jouent que leur rôle ? La démarche impose à tout esprit objectif de ne recourir qu’aux faits et aux faits seuls pour fonder sa position.
En examinant des faits, on doit se rappeler que lors du tout premier conseil des ministres du gouvernement de la rupture en avril 2016, le chef de l’Etat a indiqué son option en décidant de lever la réquisition de ses usines de coton et de faire payer à celles-ci des sommes qui leur sont dues. Toujours courant 2016, le chef de l’Etat a réussi à rendre opérationnel le port sec d’Allada, qui n’a pas pu ouvrir sous le régime précédent à cause des récriminations des transporteurs, qui y voyaient la survenue des dépenses additionnelles.
Ces actes semblent donner raison à ceux qui affirment que le chef de l’Etat profite de sa position, pour relancer ses affaires. Et même lorsqu’on veut trouver des arguments pour le disculper, le retour du programme de vérification des importations vient comme pour édulcorer les ardeurs. Ils sont nombreux les concitoyens qui ignorent la teneur du contrat qui a été signé entre Benin control et le gouvernement béninois. Seuls ceux qui sont dans le secret des dieux, connaissent ce que cette structure verse à l’Etat et la ligne de démarcation qui sépare Benin control de la douane.
Encore que des sources indiscrètes rapportent que c’est pour déblayer la voie à Benin control, que le gouvernement n’a plus renouvelé l’agrément à la société technologique des transports du Bénin, Sttb, dont la fermeture a entrainé le retour au chômage de plus de 2000 employés.
Les faits nous rappellent aussi que le développement de l’agriculture que le gouvernement a vanté en début de mandat, s’est plutôt résumé au développement des cultures de rentes comme le coton. Et ici, des voix s’élèvent souvent pour dire que l’ensemble du secteur est concentré entre les mains d’un seul individu. Pour dire qu’il est à la fois producteur, fournisseur d’intrants, transporteur et égreneur.
Ce monopole construit dans un secteur qui était jusqu’ici libre de concurrence, fait dire à certains observateurs que le véritable but de la gouvernance Talon est de capitaliser au maximum sa position de décideur, pour s’accaparer tous les leviers économiques. Des mêmes, voix laissent entendre que c’est toujours le chef de l’Etat qui est le repreneur des entreprises d’Etat qui sont privatisées, à tour de rôle.
Même lorsqu’on refuse d’y croire, les faits reviennent nous rappeler que ce qui est dit là n’est pas dénué de sens. Puisque la culture de l’opacité que le gouvernement de la rupture a pris comme caractéristique de sa gestion, constitue la preuve que partout où règne la loi de l’omerta et le refus de transparence, c’est qu’il y a des choses qui se trament et qu’on refuse de faire savoir aux mandants du pouvoir qu’est le peuple. En mille mots comme en un, on dira qu’après deux ans d’exercice du pouvoir, c’est la recherche de l’intérêt personnel qui apparaît comme le leitmotiv du gouvernement de la rupture, au détriment de l’intérêt général. Vivement que les trois années restantes du mandat soient l’occasion de changer la donne
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