Bénin : Moudachirou Bassabi (CGTB) s’explique sur la suspension de la grève

Si des enseignants à la base estiment que la suspension de la motion de grève des trois confédérations syndicales (Csa-Bénin, Cgtb et Csub) ne les engage pas, parce qu’ils n’ont pas été consultés, le secrétaire général de la Cgtb, Moudachirou Bassabi, n’est pas de cet avis. Mieux, il estime que la base pour lui ce sont les instances de décision de la confédération, avant d’expliquer que cela est prévu par leurs textes. C’est à travers une interview accordée à notre rédaction, hier mercredi 11 avril 2018, à la bourse de travail à Cotonou.

Cela fait 72 heures que vous avez suspendu votre motion de grève. Qu’est ce qui explique une telle décision ?

Une suspension, c’est comme un bélier au combat, et qui recule pour pouvoir mieux foncer. Les raisons en sont simples, parce qu’outre les cinq fonctions qui sont connues au mouvement syndical, il y a de plus en plus un devoir de protection des affiliés. Et ce devoir nous impose en temps de combat, de regarder à la loupe les éléments qui s’offrent à nous, pour essayer d’anticiper et de prendre le recul nécessaire pour se donner de l’énergie qu’il faut pour livrer le combat. En matière sociale, les réactions sont essentiellement conflictuelles, donc il n’y a pas d’action syndicale, de mouvement qui pourrait vraiment éteindre l’ensemble des conflits qu’il y a dans ce milieu-là. Puisque le combat d’aujourd’hui n’exclut pas le combat de demain. Mais le contexte béninois aujourd’hui est assez éloquent pour prescrire cette attitude là, parce que nous sommes avec un gouvernement qui en lui-même n’offre aucune possibilité d’espoir. Donc, jouer sur son terrain c’est vraiment risquer beaucoup. Ce gouvernement a fait l’option de l’usure. Et donc nous devons en tant qu’acteurs, leaders, malgré tout ce qu’il ya comme ambiance de suspicion et de perte de confiance… pouvoir transcender cela. Transcender ça et protéger nos affiliés, et les protéger contre les velléités d’anéantissement. Et faire en sorte que l’évaluation de la situation nous permette de prendre nos responsabilités. C’est ce que nous avons fait. Donc, la levée de la motion de grève est vraiment une décision de responsable et de leader. En ce moment précis, c’était nécessaire parce que ça permet de protéger à la fois le pouvoir d’achat déjà dérisoire de nos affiliés, mais également de faire en sorte que ce peuple soit délivré, car ce mouvement a affecté beaucoup plus le milieu de l’éducation que les enseignants… Le secteur de l’éducation implique beaucoup d’acteurs. C’est pour éviter qu’on soit impopulaires.

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Est-ce que cette décision est celle de la base ?

La base chez moi ce sont les instances de décision de la confédération, et ce que les textes nous prescrivent. Nous pouvons lorsque nous allons dans une action concertée sur toute l’étendue du territoire, aller en assemblée générale et rencontrer tous les travailleurs, parce qu’on est dans une démarche de mobilisation et de préparation au combat. Tout le monde est d’accord pour le combat, sinon je ne serais pas allé dans les départements, inviter les miens et leur expliquer ce que je veux faire. Mais lorsque toutes les confédérations sont d’accord pour engager le combat, vous comprenez que la sensibilisation, l’information on ne peut que la conserver que nos militants seuls. Mais dans le cas des textes qui régissent les organisations, il n’y a que les affiliés qui peuvent décider de la position de mon organisation dans un dispositif. Et cette tradition a été respectée. Mon exécutif a été d’accord pour dire qu’il faut rentrer dans ce processus de dégel avec les autres confédérations. Les consultations nécessaires ont été effectuées, et nous qui avions accordé nos violons sur l’opportunité d’un dégel, l’avons tout de suite fait en toute responsabilité. Et je crois que c’est en respect de toutes les dispositions de notre organisation. En dépit de ce que vous avez suspendu votre motion de grève, le mouvement n’est pas suivi.

Que pensez-vous de cette désolidarisation des enseignants à la base ?

Vous savez, c’est toutes les confédérations qui sont allées en mouvement et toutes les confédérations n’ont pas moulu leurs militants à la même école… Ce qui est important pour nous, ce n’est pas une guerre entre les confédérations, c’est la nécessité que les confédérations découvrent aujourd’hui que nous avons un devoir de protection. Quand nous sommes leader, quel que soit la fougue qui alimente nos affiliés, nous devons trouver les moyens de les affranchir d’un risque qui pourrait les anéantir. Et c’est ce que nous avons fait. Et je crois que si c’était à reprendre, nous allions à nouveau le faire, parce que je suis convaincu que dans quelques heures tout le monde comprendra que nous avons fait le bon choix.

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