La chambre de première instance de la Cour pénale internationale (CPI), a refusé une énième demande de mise en liberté provisoire à Laurent Gbagbo, au grand dam de ses partisans qui réitèrent l’idée d’un complot international contre l’ancien président ivoirien.La Cour qui a siégé le 20 avril dernier, n’a pas retenu l’argument des avocats de la défense, faisant état d’une dégradation de la santé de Laurent Gbagbo. Les juges ont estimé à l’unanimité qu’il n’en est rien, conclant qu’il n’y aucun élément nouveau justifiant la mise en liberté provisoire de l’ancien chef d’état ivoirien incarcéré depuis 2012 à la CPI.
Au moins douze demandes refusées
Depuis 2012 que dure la détention de Laurent Gbagbo à la CPI, toutes les demandes de mise en liberté provisoire déposées par ses avocats ont été rejetées.
La onzième demande intervenue était intervenue, alors que les médias internationaux avaient révélé une collusion entre l’ancien président français Nicolas Sarkozy, l’ex-procureur de la CPI, Moreno Ocampo et le président Ivoirien Alassane Ouattara pour embastiller Gbagbo. Les partisans de Gbagbo avaient donc vu dans cette conjoncture défavorable au bureau de la procureure, l’occasion propice pour la libération de leur champion. Mais ils avaient été déçus.
Depuis l’ouverture du procès en effet, le débat entre les juges de la CPI et la défense de Monsieur Gbagbo a toujours tourné sur les garanties de représentation de l’ex-président ivoirien. La défense estime que son client offre assez de garanties pour pouvoir bénéficier de la liberté provisoire, alors que les juges estiment eux que Laurent Gbagbo pourrait prendre la fuite. Après avoir essuyé plusieurs rejets, les avocats ont visiblement changé de stratégie en mettant en avant la santé de leur client. Un nouvel argument, qui n’a visiblement pas convaincu les juges. Ce dernier rejet porte à au moins douze (12) le nombre de demandes de mise en liberté provisoire rejetées par les juges, alors que de nouvelles révélations de la presse mettant à mal le travail du parquet menacent de faire traîner encore longtemps le procès.
Révélations sur les ennuis de Bensouda
Courant 2016, Médiapart avait dénoncé l’arrestation et la détention de l’ex-président ivoirien par la CPI, du fait de l’inexistence d’un mandat d’arrêt contre lui. « Deux ans plus tard, en 2013, l’ancien président aurait dû être libéré : deux des trois juges de la Chambre préliminaire de la CPI, Christine Van den Wyngaert et Hans Peter Klaus, avaient estimé que les éléments de preuve présentés par Fatou Bensouda ne pouvaient « en aucune façon être présentés comme le résultat d’une enquête complète et en bonne et due forme », et ne pouvaient justifier une inculpation. Mais, curieusement, la voix de la troisième juge, Silvia Fernandez de Gurmendi, ancienne collaboratrice de Moreno Ocampo qui avait un avis opposé, a primé.
Au lieu de prononcer un non-lieu, la Chambre avait alors décidé, à la surprise générale, de donner une année supplémentaire à Fatou Bensouda pour qu’elle reprenne son enquête.», écrit le site d’information français qui a enquêté sur l’affaire.
Suspendu à l’issue de l’audition du 82e témoin présenté par le parquet, le procès peinent à reprendre véritablement. Il faut dire que depuis le début, les juges ne semblent pas très convaincus des preuves fournies par la procureure. Cela pourrait donc expliquer les différentes suspensions dont certaines ont été justifiées par le manque de moyens financier de la CPI. Depuis le 9 février, les juges ont fini par demander à Fatou Bensouda de revoir sa copie pour la troisième fois.
Les pro-Gbagbo crient au complot
Pour les partisans de l’ancien président ivoirien, les révélations sur le travail de la procureure confirment la thèse du complot international qu’ils ont toujours dénoncée. Hier, après le dernier rejet de la demande de mise en liberté de Laurent Gbagbo, un ancien ministre actuellement au Ghana a dénoncé «la suite logique du coup d’état français qui a renversé Gbagbo pour permettre à Ouattara de prendre le pouvoir». Joint par téléphone, un cadre du FPI, tendance Sangaré, affirme ne pas être surpris par l’arrêt de la CPI.
« Quel est ce criminel dont le procès fait autant de bruit ? Nous demandons la libération de notre camarade des mains de cette justice qui en réalité n’existe que pour protéger les intérêts des grandes puissances », soutient cet ancien directeur de société sous le régime Gbagbo.
Au moment où nous mettions sous presse, le parti de l’ancien président ivoirien n’avait pas encore réagi officiellement. Selon des sources proches de l’ancien président, le FPI devrait se prononcer bientôt sur cette décision de la CPI.
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