C’est heureux que les forces politiques se soient enfin réveillées pour opposer un front de refus à la gouvernance personnelle, mafieuse, corrompue de Patrice Talon.Il est temps de mettre un frein au hooliganisme d’État qui a fait de notre pays la propriété privée du Chef de l’Etat comme si le Bénin était devenu une plantation de coton de l’Alabama ou de la Louisiane et le peuple libre et rebelle de ce pays dans les chaînes de l’esclavage..
Notre bulletin de vote n’a jamais signifié un abandon de nos droits de citoyens et d’hommes qui auront troqué leurs libertés et droits contre un hypothétique statut d’esclaves qu’on malmène à sa guise .Nous assistons depuis deux ans en effet à une dérive que nous étions loin de croire possible après 27 années de vie démocratique, sous une Constitution qui nous a gardés tous ensemble comme les membres d’une même famille. Un individu qui a été lui-même victime d’abus et de brimades ,forcé à l’exil pour garder la vie sauve que nous avons porté au pouvoir dans un esprit de justice et de réparation est très mal venu à se prévaloir de notre vote en sa faveur pour substituer à notre édifice politique patiemment construit grâce à des intelligences supérieures, des vues qui sont loin d’être compatibles avec l’idéal républicain et démocratique qui lui a permis d’arriver au pouvoir.
Deux ans de violations répétées de la loi fondamentale
Depuis deux ans donc que Patrice Talon est au pouvoir, il est loisible à tout observateur politique de constater que le Benin n’est plus dans la République de 1990 établie sous la Constitution du 11décembre 1990 mais dans une république dont les fondements sont la volonté et les caprices du seul Chef de l’Etat.
Il n’est point besoin de rappeler ses violations presque quotidiennes de cette Noble Constitution que d’autres pays nous envient. La séparation des pouvoirs qui ne date pas de nous et que nous n’avons pas inventée non plus mais qui a assuré à la Grande Bretagne la stabilité qu’on lui connaît depuis sa Glorieuse Révolution de 1688,que Montesquieu s’est fait le devoir de révéler au monde dans « L’Esprit des lois »et que les treize États américains ont choisie dans la rédaction de leur propre Constitution de 1787,une Constitution qui leur a assuré stabilité et force, c’est cette séparation des pouvoirs que Patrice Talon se croit prétendument plus intelligent que la moyenne des Béninois pour remettre en cause avec la complicité active de Maitre Adrien Houngbédji, Président de l’Assemblée Nationale qui semble avoir compris bien tardivement son erreur politique. Tant mieux si le revirement est sincère et définitif. Un juriste demeure un juriste et non un saltimbanque.
Nous ne reviendrons pas sur la funeste tentative de révision constitutionnelle mais ce sur quoi nous devons mettre l’accent c’est cette liberté que Patrice Talon prend avec ce qui est la loi fondamentale du pays.
Le manque de connaissance peut vous conduire à faire des erreurs mais quand ces erreurs deviennent répétitives, c’est qu’elles sont voulues et entrent dans un dessein global. Notre ‘’weltstanschaung’’, c’est-à-dire notre vision du monde est tellement éloigné de celui de Patrice Talon qui n’a pas les gènes de la démocratie dans son ADN.
Union pour une république solidaire
Enfin donc Djeffa a assisté à la réunion des meilleurs esprits de la république pour affirmer avec force ce en quoi nous croyons ici au Bénin. Djeffa pouvait être notre Egletons et la Déclaration de Djeffa, notre Adresse d’Egletons par laquelle Jacques Chirac qui contestait la gouvernance de Valéry Giscard d’Estaing a lancé le Rassemblement Pour la République(le RPR) qui le conduirait plus tard à la Présidence de la république Française. Ce RPR doit rappeler à certains le RDR d’Alassane Dramane Ouattara qui conduira Ouattara aussi au pouvoir en Côte d’Ivoire.
La démarche peut être similaire ici aussi au Bénin mais alors il faudra travailler à gommer les différences, les susceptibilités, les antagonismes du passé et projeter un idéal commun autour duquel réunir toutes les sensibilités.
Le jeu politique a des constantes .Ceux qui s’opposent à une certaine pratique du pouvoir sont attirés par des forces centripètes à fondre ensemble dans une espèce de centrifugeuse qui leur donne la force nécessaire qui libère les énergies contre une cible désignée ou qui s’est désignée elle-même comme telle .Ainsi en est -il partout au monde. De Gaulle, hostile aux atermoiements de la 4e république a-t-il créé la 5e république qui continue de gérer la France de Macron.
« Tous contre Talon » peut être le moteur de l’action de ces forces de Djeffa. Cependant c’est plus une plateforme politique qui donnerait de la durée à Djeffa. La victoire de François Mitterrand et de la gauche française n’aurait pas été possible sans Le Programme Commun de la Gauche avec les Georges Marchais et les Radicaux de gauche.
Les bâtisseurs ont de la vision, de la prospective et gardent la tête froide et le cœur chaud. C’est ce que les uns et les autres doivent s’efforcer de faire en oubliant leurs egos
Nous ne ferons pas œuvre utile si nous ne tirons pas les leçons du passé. Le Président Soglo très confortablement élu en 1991 a vu toute la classe politique se liguer contre lui à partir de 1993 a cause de sa métaphore de la biche allant nécessairement à la rivière. Le Professeur Albert Tévoédjrè pour qui j’ai un profond respect ,était la puissante voix de cette opposition.
De même Boni Yayi, aujourd’hui adulé par les foules du Nord au Sud face à la gouvernance irrationnelle et sans repère de Patrice Talon a été la victime toute désignée de toute la classe politique, avec Bruno Amoussou comme le meneur de la fronde anti Yayi. Amoussou s’est déjà trop compromis avec Talon pour prendre part à ce grand événement de Djeffa sans le décrédibiliser.
La réflexion prospective que nous devons mener a partir de maintenant est comment réussir à fusionner toutes les énergies réunies à Djeffa dans un creuset qui sera appelé le Rassemblement pour une République Solidaire ou Rassemblement pour la Solidarité pour contrer la dérive capitalistique autocratique de la gouvernance de Patrice Talon.
Ainsi naîtra le bipartisme qui nous conduira pendant assez longtemps pour que notre pays sorte des errements infantiles d’un multipartisme débridé pour entrer définitivement enfin dans l’âge adulte de sa vie politique
Répondre à bocco Annuler la réponse