C’est avec surprise que les populations ont découvert au cours de la semaine qui s’achève, à Cotonou puis sur l’ensemble du territoire national, une hausse du prix du ciment. Et pendant que les populations se lamentent sur la flambée du prix d’un produit si demandé, les sociétés qui le fabriquent entretiennent le flou sur les causes de cette montée subite et vertigineuse des prix. Entre temps, le gouvernement observe un silence assourdissant, comme pour dire que cette situation qui préoccupe les citoyens est un non évènement.
Le social préoccupe-t-il vraiment le gouvernement du nouveau départ ? C’est une question que tout esprit lucide est tenté de se poser en observant l’indifférence affichée par le gouvernement sur ce qui convient d’appeler désormais la crise de la hausse du prix du ciment. Aucune réaction des autorités sur une question dont la pertinence n’est plus à démontrer. Le ciment peut être logiquement associé aux produits que l’on considère comme relevant des produits de première nécessité.
Ces produits dits de première nécessité bénéficient généralement d’une attention particulière du gouvernement. Il s’agit pour les pouvoirs publics de surveiller la disponibilité permanente de ces produits sur le marché, mais aussi de contrôler voire de veiller au respect des prix fixés par le gouvernement. Comme ce qui se fait mensuellement avec les produits pétroliers. Conscient que ces produits sont très demandés, l’Etat s’engage à publier chaque mois les prix d’achat de ces produits sur l’ensemble du territoire.
On s’étonne que le ciment qui sert à construire des habitations, le premier vœu de 9 Béninois sur 10, ne bénéficie pas de la même régulation et de la même attention de la part du gouvernement comme pendant les années Prpb et au cours des premières années du Renouveau démocratique Le prix était le même sur tout l’ensemble du territoire grâce à un système de péréquation.
Des différences de prix qui prêtent à confusion
Depuis quelques jours des populations se lamentent de la hausse du prix du ciment. Selon nos investigations, le prix de la tonne est passé brutalement de 66.000f à 80.000f pour la zone de Cotonou. Cette même tonne de ciment est vendue depuis quelques jours à 90.000f et plus dans les régions éloignées de la capitale économique. La descente de nos reporters sur le terrain à Cotonou a permis de se rendre compte que les prix diffèrent d’une marque de ciment à l’autre.
La flambée du prix est surtout notée pour ce qui est des produits de Nocibe. C’est la tonne de cette marque de ciment qui revient actuellement à 80.000f la tonne à Cotonou, soit à 4.000f le sac et plus de 90.000f dans les contrées éloignées du pays. Mais les reporters ont noté que d’autres marques de ciment sont vendus à 72.000f la tonne, soit 3.600f l’unité. Il se raconte d’ailleurs que c’est parce que les autres fabricants ont observé la montée du prix du ciment pratiqué par Nocibé, qu’ils ont aussi revu à la hausse leur prix. Les démarches entreprises par nos reporters auprès des responsables de Nocibé et du ministère du commerce ont été vaines.
L’intervention du gouvernement s’impose
Impossible de dire avec exactitude les raisons qui justifient ce bond surprenant du prix du ciment, passant sans préavis de 66. 000f la tonne à 80.000f, soit de 3.300f le sac à 4.000f l’unité. Selon certaines indiscrétions, cette hausse subite du prix du ciment de la marque Nocibé est la conséquence du redressement fiscal dont l’entreprise a été l’objet, il y a de cela quelques semaines.
Une thèse que ne confirment pas les responsables de l’entreprise que nos reporters ont approchés. Face à cette impasse, il ne reste que le gouvernement pour démêler l’écheveau. Seul le gouvernement est capable de fournir aux citoyens des explications claires sur cette hausse du prix de ciment. Il faudrait que le ministre de tutelle explique aux citoyens le mécanisme de fixation du prix du ciment sur le marché.
Dans le climat actuel de morosité, les responsables au plus haut niveau de l’Etat ont le devoir de se prononcer sur des allégations qui laissent entendre qu’il a démissionné de sa mission de régulation des prix pour laisser aux opérateurs, la latitude de fixer le prix d’un produit aussi demandé, au gré de leurs caprices ou de leur cupidité. En somme, la réaction du gouvernement est attendue pour éclairer l’opinion sur les zones d’ombre de ce dossier
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