Le Conseil des ministres en sa séance du mercredi 18 avril 2018, a relevé plusieurs cas de dysfonctionnements dans la gestion des cantines scolaires au Bénin.Il ressort que certains directeurs d’écoles ont soustrait des vivres à leur profit personnel. Mais le gouvernement dans sa décision les expose à la face du monde, comme des trophées de la guerre contre la corruption.
La reprise des activités des cantines dans les établissements scolaires publics, a été saluée avec satisfaction par tous les béninois. Les écoliers pour la plupart issus de familles modestes ont la chance désormais de se restaurer dans l’enceinte de leur établissement, sans débourser un franc. Mais le gouvernement aujourd’hui met sur la place publique le dysfonctionnement dans la gestion des cantines scolaires, dont il est en grande partie responsable. La cantine scolaire est une activité qui a déjà existé sous le régime révolutionnaire de Mathieu Kérékou dans les années 80.
La politique adoptée à l’époque consistait à réserver une petite quantité de vivres aux directeurs, aux enseignants et aux membres du comité de gestion des cantines scolaires, pour leur bien-être. La logique était qu’il est inconcevable de vouloir nourrir les enfants dans les écoles en ignorant les personnes en charge de gérer les vivres. Cette méthode empêchait les détournements.
Sous le régime Yayi, les cantines scolaires avaient refait surface. Mais pour des raisons de mauvaise gestion, elles ont été suspendues. Elles sont de retour avec le gouvernement de la Rupture qui a investi plusieurs milliards de F CFA pour nourrir les enfants dans nos écoles. Tout le monde avait cru que ce régime allait inventer une méthode de gestion irréprochable, en mettant les directeurs et leurs collaborateurs au cœur de l’activité. Il est normal que nos compatriotes impliqués d’une manière ou d’une autre dans des actes de malversation soient sanctionnés. Mais est-ce pour cette raison que le gouvernement doit humilier les directeurs d’écoles pour soustraction de vivres ? Les fautes commises varient de quelques kilogrammes à 06 sacs de riz et des bidons d’huile.
Les faits reprochés à ces directeurs d’écoles démontrent le niveau de pauvreté et de misère qui caractérise le Bénin sous le régime de la Rupture. Ne serait-il pas mieux pour le gouvernement de s’attaquer aux problèmes de survie quotidienne des béninois, plutôt que de prendre à partie les directeurs d’écoles qui ont aussi besoin de nourrir leurs familles ? En prenant ces sanctions jusqu’à mettre fin aux fonctions des directeurs d’écoles, le gouvernement a encore humilié le Bénin sur le plan international pour une ridicule affaire de détournement de vivres. Nos dirigeants n’ont-ils pas mieux à faire ? L’on peut aussi se poser la question de savoir si le conseil des ministres est devenu un tribunal où il faut exposer les fonctionnaires de l’Etat jusqu’à citer publiquement leurs noms.
Le gouvernement dans la diversion
Des dossiers importants de corruption se trouvent sur la table du gouvernement, mais il n’affiche pas de volonté à sanctionner les auteurs. C’est le cas par exemple du concours d’entrée à la fonction publique au profit de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (Cnss), annulé. Le gouvernement garde le silence à ce propos, et aucune sanction n’est prononcée. Mais l’Anlc avait suggéré que le directeur général, son adjoint et le cabinet qui a reçu le marché, remboursent les 28 millions dépensés, et que les auteurs soient sanctionnés.
C’est le cas aussi des surfacturations sur achat de motos au profit du ministère du cadre de vie et du développement durable. L’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption (Anlc), avait en mars dernier dénoncé des pratiques de détournement et de corruption estimées à plusieurs centaines de millions de F cfa. Le Président de l’Anlc Jean-Baptiste Elias a réclamé des sanctions à l’encontre des auteurs de ces actes, mais le gouvernement ne réagit point. Nos dirigeants n’ont pas réellement le désir de lutter contre la corruption, car les vrais corrompus sont tapis dans leurs rangs.
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