Kassa Mampo sur la gouvernance Talon : « C’est une gouvernance au mépris de la misère du peuple »

A travers une interview accordée à notre rédaction, le secrétaire général de la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb), Kassa Mampo, s’est prononcé sur la gouvernance du président Patrice Talon, deux ans après son accession au pouvoir.Après avoir peint en noir la gouvernance de ce régime, il a fait constater que cette mauvaise gouvernance est la cause de la fronde sociale qui secoue le pays.

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Extrait de ses propos

« …Dès le début de ce régime, les travailleurs et les étudiants ont été confrontés aux questions d’interdiction de manifester. Le chef de l’Etat a voulu retirer le droit de grève aux travailleurs, en violation de la constitution, en violation de la loi régissant le droit de grève au Bénin. Avec le régime de la rupture, nous avons constaté que de façon arbitraire les salaires sont fixés au niveau de la présidence et des ministères. La grève des travailleurs en cours est l’une des conséquences de la mauvaise gouvernance de ce régime. Pourtant ces revendications sont légitimes. Elles portent entre autres sur l’augmentation du Smig et la revalorisation du point indiciaire, en rapport avec les salaires politiques. Les salaires politiques ont été augmentés officiellement. Mais en fait dans les services, il y avait des gens notamment les anciens collaborateurs du chef de l’Etat, qui touchaient de gros salaires à la présidence et ailleurs. C’est en régularisation de cela que la loi sur les collaborateurs extérieurs a été votée.

En gros, le coût de vie est élevé, les salaires sont bas et le gouvernement fait cette discrimination en payant aux politiques des salaires élevés, maintenant les travailleurs dans la précarité. Les revendications d’ordre général et spécifique des travailleurs, n’ont pas connu de satisfaction. Les dirigeants préfèrent s’enrichir que de s’en occuper. C’est ce qui a été constaté pendant les deux ans de la gouvernance Talon. Des sociétés ont été fermées (Sonapra, Onas) sans que la pertinence de la fermeture de ces sociétés ait été prouvée. Pendant ce temps, des milliers de travailleurs sont à la maison.

Pendant les deux ans, je ne vois pas fondamentalement ce qui a été satisfait comme revendication de travailleurs. Le mur dressé par le gouvernement est chargé non seulement d’enrichir quelques-uns au sommet de l’Etat, mais aussi d’écraser les opérateurs économiques qui ne sont pas rangés derrière le président. Le chef de l’Etat n’a fait que violer la constitution qui est le contrat social entre les dirigeants et les gouvernants pendant ces deux ans…

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C’est un pouvoir basé sur la corruption, c’est un pouvoir autocratique et de type césariste. Les décisions de la Cour sont violées par le président. La loi sur le droit de grève aussi. En plus, Les salaires sont défalqués de manière illégale mais aussi confisqués. Jusqu’à ce jour d’aujourd’hui, des presses sont encore brouillées et la liberté d’expression est mise à mal. Nous sommes dans quel pays ? Ça c’est un échec.

Patrice Talon a remis en cause les acquis démocratiques. La corruption prend une proportion impressionnante sous ce régime avec les gré à gré. Il ose dire devant le président français que s’il y a grogne, marche, manifestation, c’est que les réformes se portent bien. C’est grave voire gravissime. Pendant les deux ans de négociation, c’est la ruse qu’on a connu et finalement la rage du gouvernement. Il n’y a eu aucune satisfaction dans la réalité.

Jusqu’aujourd’hui, la Cour Constitutionnelle a demandé au ministre des finances de donner les fiches de paie et les salaires des membres du gouvernement. Ils ne l’ont pas encore fait jusqu’aujourd’hui. Et on dit qu’on ne peut pas payer les travailleurs. On rentre dans la troisième année de la gouvernance Talon avec la crise, dans la mesure où nous n’avons rien obtenu. Pour que l’école reprenne, il faut rétrocession des salaires défalqués et s’asseoir pour discuter sur des revendications de liberté, de coût de vie et de privatisation, puis de la ruine de l’école et de la santé. Nous allons à une dictature qui va dépasser celle du Prpb, de Sègbana…

Pour une sortie de crise, il faut immédiatement régler les problèmes des travailleurs, rétrocéder les salaires défalqués dans tous les secteurs (justice, santé, éducation, etc.), pour qu’on s’asseye autour des revendications. On ne demande pas au gouvernement de tout satisfaire immédiatement… »

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