Projet de délocalisation du marché de Dantokpa : plus de problèmes que de réelles solutions

Le compte rendu du conseil des ministres tenu le mercredi 18 avril 2018, expose les ambitions du gouvernement de procéder à la délocalisation du marché Dantokpa, en construisant deux autres marchés : l’un à Akassato et l’autre à Kouhounou. Mais la lecture assidue de ce projet du gouvernement, amène à déceler quelques aspects qui devraient pousser le gouvernement à revoir sa copie.

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Le gouvernement du nouveau départ, poursuit certainement des objectifs nobles en envisageant de désengorger le marché Dantokpa et d’en construire deux autres ailleurs. Selon le communiqué du conseil des ministres, le gouvernement prévoit de construire un marché de gros sur le site d’Akassato, sur une superficie d’environ 150 hectares. Une ambition somme toute compréhensible. Mais ce serait vite aller en besogne si on ne s’arrête pas un instant pour examiner les problèmes que cette situation.

En transférant le marché de gros à Akassato, on règle seulement le désengorgement du marché Dantokpa, et certainement permettre une meilleure circulation urbaine des usagers de la route. Mais on aura très tôt oublié les implications qu’entrainera cette délocalisation du marché Dantokpa pour Akassato. Il y a d’abord que la majorité des personnes qui viennent faire des achats dans ce marché, proviennent du Nigéria voisin, du quartier Akpakpa ou encore de la ville de Porto-Novo. C’est aussi de Porto-Novo que résident les propriétaires de la presque la moitié des boutiques.

En transférant le nouveau marché de gros à Akassato, le gouvernement a-t-il examiné la question de la distance. Les grands acheteurs d’articles qui viennent du Nigéria, accepteront-ils de faire le double parcours ? C’est-à-dire partir de la frontière pour le marché Dantokpa et de Dantokpa pour Akassato. Le tronçon partant du marché Dantokpa pour Calavi avec prolongement à Akassato est réputé pour ses embouteillages monstres et pour ses accidents mortels. Le transfèrement du marché de gros à Akassato n’accentuera-t-il pas ces embouteillages et les accidents ? Quelles dispositions le gouvernement a-t-il prévu pour prémunir la densité de la circulation qui proviendra du transfèrement du marché à Akassato ?

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Le gouvernement prévoit par ailleurs de construire un second marché à Kouhounou sur le site où est construite l’actuelle piscine olympique. Ce marché est prévu d’abriter une galerie commerciale de 1000 boutiques. Il y sera vendu de la joaillerie et du textile. Mais ce qui intrigue dans ce projet, c’est l’idée de construire cette galerie commerciale sur le site de la piscine olympique actuelle.

On serait tenté de déduire que le gouvernement a peu de considération pour le sport. Difficile de comprendre que la construction d’une galerie commerciale exige la destruction d’une piscine olympique de surcroît. Cette galerie commerciale peut être construite soit à la place des martyrs ou à l’intérieur du centre de promotion de l’artisanat à Gbégamey par exemple. Au lieu donc de vouloir à tout prix délocaliser le marché Dantokpa sans penser aux incidences que cela entraîne. Il vaudrait mieux penser d’abord à la reconstruction du marché Dantokpa actuel.

Le gouvernement aurait pu lancer des études pour comprendre les facteurs générateurs des incendies, des embouteillages, d’insécurité et même de désordre dans le marché Dantokpa. Une meilleure appréhension des causes de ces phénomènes qui impactent le bon fonctionnement de ce marché, peut permettre de trouver des solutions idoines et de rendre le marché Dantokpa compétitif, sécurisé, aéré et moins exposé aux probables incendies. Avant d’aboutir à la délocalisation de ce marché, il est possible de restructurer et de le conserver en place. Mais si l’idée est de le délocaliser à tout prix, il faudra donc penser en même temps aux conséquences que cela va générer

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