Winnie Mandela. A l’invocation de ce nom, tous les regards se tournent vers la femme qui a défié pendant de longues années le régime de l’apartheid en Afrique du Sud. Elle fut l’épouse de Nelson Mandela, la figure emblématique de la lutte anti raciale en Afrique du Sud. Winnie Mandela n’a pas été au départ une militante. Assistante sociale de formation, son rêve était de mettre ses compétences au service des plus faibles.
C’est Nelson Mandela qui a initié Winnie au combat. Entrés dans la clandestinité et plus tard arrêtés et emprisonnés, Nelson Mandela et ses camarades de lutte n’ont plus d’autres choix que de s’appuyer sur certains militants de l’African National Congress (ANC), pour mobiliser la foule contre les exactions et les violences orchestrées par le régime. Winnie Mandela était à l’avant-garde de cette lutte. Elle offrait sa jeunesse et sa vie pour cette cause. Les dirigeants de l’ANC qui vivaient en exil profitaient de la combativité de Winnie, pour se faire entendre et continuer la lutte. Elle subissait la brutalité et l’humiliation, au risque de sa vie, et personne en Afrique du Sud ou dans le monde ne lui demandait d’arrêter sa détermination à combattre le système ségrégationniste, sauf les cancres de l’apartheid. Au contraire, elle recevait des messages d’encouragement que le monde entier lui adressait. Certes, Winnie exerçait la violence sur certains membres de la communauté noire en Afrique du Sud, qui s’opposaient à sa lutte. Mais elle recevait des consignes de son mari Nelson Mandela, emprisonné, qui prônait avec force la lutte armée qui signifie la violence sous toutes ses formes.
Nelson Mandela n’a jamais cédé à l’abandon de la lutte armée contre la liberté. Il pensait plutôt que la lutte armée était le seul moyen pour obliger les dirigeants de l’Afrique du Sud de l’époque à abandonner le système de l’apartheid. Ainsi, Winnie Mandela a rendu populaire Nelson Mandela, aussi bien en Afrique du Sud que dans les autres pays du monde. Elle ne cessait de réclamer la libération sans conditions de son mari. Il n’y avait pas ce jour où elle ne descendait dans les rues pour organiser de géantes manifestations. Les dirigeants de l’ANC qui vivaient encore dans le pays, n’avaient pas cette capacité. Elle était régulièrement emprisonnée et mise en résidence surveillée. Toutes ces pratiques ignobles du système de l’apartheid n’ont jamais émoussé son ardeur et sa détermination à combattre jusqu’au bout des dirigeants qui avaient la violence pour seule politique. Mais, Winnie savait qu’elle remporterait la victoire sur l’apartheid, parce qu’elle combattait pour une noble cause.
Le rêve brisé de Winnie Mandela
A la libération de Nelson Mandela, après 27 ans de détention, Winnie Mandela était à ses côté le poing levé en signe de victoire. Le monde entier présentait Nelson Mandela comme le libérateur de l’Afrique du Sud, Winnie Mandela comme l’icône de la lutte anti apartheid. Winnie prenait une place prépondérante dans la vie de son mari. Nelson l’écoutait plus que les autres dirigeants de l’ANC, rentrés d’exil ou sortis de prison. Ces derniers ont décidé de mettre Winnie à l’écart. La première manœuvre ayant consisté à accuser la dame d’adultère. Oui, elle a eu des amants pendant la détention de son mari. Mais sans encourager l’adultère dans nos sociétés, combien de femmes auraient pu tenir le coup, 27 ans durant !? La seconde manœuvre a consisté à lui imputer la responsabilité des crimes commis par Mandela United Football Club (MUFC), une organisation créée par Winnie. Oui, Winnie Mandela a pratiqué la violence et a encouragé des crimes. Mais elle était soutenue par ceux qui l’accusent d’être une criminelle. Ses détracteurs ont réussi à l’écarter de la vie de Nelson Mandela, et le divorce a été définitivement prononcé. Ils sont allés chercher une femme qui n’a mené aucune lutte pour la libération, ni de Nelson Mandela ni de l’Afrique du Sud, en la personne de Gracia Machel la veuve de Samora Machel, ancien président du Mozambique. La vie conjugale de Winnie Mandela en fut brisée, ainsi que le fruit de la lutte pour la libération du peuple sud africain. Nelson Mandela n’a pas compris qu’il était victime de la manipulation de son entourage, et que s’il était vivant jusqu’à sa libération le 11 février 1990, c’était bel et bien grâce à Winnie qui a été sur tous les fronts, alertant en permanence la presse internationale pour la libération de son mari.
Ecartée du gouvernement par Nelson Mandela, Winnie n’a jamais bénéficié du soutien des organisations de femmes qui appellent au respect de la dignité féminine. L’on peut aisément se poser la question de savoir si les femmes ont besoin d’attendre les hommes pour aller au secours de leurs semblables, humiliées et honnies à la face du monde comme Winnie. Elle méritait mieux que le traitement qui lui a été infligé, mais Winnie n’a été défendue par aucune…
Winnie devrait être célébrée dans tous les pays épris de paix et de stabilité, car l’humanité n’a pas le droit d’oublier cette figure emblématique de la lutte anti apartheid en Afrique du Sud. Winnie est partie, mais son nom demeure gravé dans les cœurs des personnes qui reconnaissent sa valeur.
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