La lutte contre les médicaments de la contrebande est l’une des réussites apparentes du gouvernement de la rupture. Adjégounlè, le grand marché à ciel ouvert de faux médicaments a été démantelé. Atao Hinnouho, désigné comme patron de la filière, s’est fondu dans la nature laissant des distributeurs et répartiteurs des produits pharmaceutiques en prison.
Pendant ce temps, les avocats des mises en cause continuent de dénoncer une procédure expéditive. Le président Jacques Chirac et sa fondation quant à eux qui s’étaient investis dans la cause sans succès, s’en félicitent. Exceptée la méthode, le résultat atteint par le Bénin sous le régime Talon est tout simplement remarquable. Autre front, autre lutte : celle engagée avec détermination contre l’enrichissement illicite et la corruption participe à la moralisation de la vie publique. Cependant, le chef de l’Etat doit veiller à ce que la lutte ne soit pas sélective.
Autrement, cela aurait tout l’air d’acharnements et de règlements de compte. L’ampleur du mal exige en effet, la poursuite du combat sans désemparer. Elle exige des remèdes de cheval, des thérapies de choc. Elle doit s’inscrire dans la durée et faire fi de la personnalité des mises en cause. Là-dessus, le chef de l’Etat est attendu. L’appartenance à la mouvance présidentielle et au bloc de la majorité parlementaire ne doit pas servir de parapluie sous aucun prétexte.
Sur un tout autre registre, le gouvernement de la rupture a marqué des points en décidant d’écarter le groupe Bolloré et la société Pétrolin qui ont empêtré le projet de la Boucle ferroviaire dans un imbroglio politico-judiciaire. Le président Talon, devant tant de tergiversations a dessaisi les concessionnaires protagonistes au profit de la Chine dont l’expertise technique et la capacité financière sont connues. Reste la justice à dire le droit, tout le droit afin que les investisseurs potentiels ne nous tournent pas davantage le dos. Nous savons que les loups ne se bouffent pas entre eux et savent défendre leurs intérêts becs et ongles. La décision prise par le chef de l’Etat doit avoir du répondant aux plans juridique et diplomatique. L’Etat du Bénin doit redorer son blason et donner du crédit à sa signature et à sa parole.
Sur le plan social, observons que les cantines scolaires réintroduites dans le système scolaire, sont une des réformes sociales majeures à l’actif du gouvernement de la rupture. Cependant, l’Etat doit être accusé de négligence dans les malversations qu’il dénonce quant à la gestion des cantines scolaires. La défiscalisation de certains intrants agricoles attend d’être élargie à l’élevage et à la pêche. L’aviculture et la pisciculture sont en effet, des secteurs névralgiques qui ont besoin d’être boostés sans tarder pour réduire notre dépendance de l’exportation.
Ainsi, les centaines de milliards investis dans le social passent inaperçu, tant les priorités sont nombreuses et les besoins colossaux. On le consent, la volonté du gouvernement de relever le pouvoir d’achat, bute sur la non disponibilité de ressources conséquentes. L’Etat se dit désarmé face à la demande sociale de plus en plus nombreuse. On le sait, les effets induits par les grèves sont multiples et variés. Pointe déjà à l’horizon le spectre d’une année blanche ; ce qui est d’une gravité absolue pour l’Etat, les parents et les apprenants
. Les femmes vendeuses viennent rajouter aux soucis du gouvernement Talon. Elles ont marché contre la mévente et la cherté de la vie sans dire leur dernier mot. Le front syndical ne démord pas quant à la satisfaction de ses revendications. Le programme de crédits évolutifs au profit des jeunes sans emploi et les microcrédits au bénéfice des femmes les plus défavorisées comptent pour du beurre face aux mesures sociales ajournées.
Le programme d’Actions du Gouvernement 2016-2021 conçu pour faire reculer le chômage et la pauvreté est ainsi pris à la gorge. La campagne électorale en vue des prochaines législatives risque d’impacter aussi le chronogramme du PAG 2016-2021. Les partis politiques s’activent déjà. Le souci de la mouvance présidentielle sera de ratisser large face à une opposition déterminée à tirer profit de la crise sociale.
A cette fin, il urge de réussir à apaiser le front social tout en accélérant la réalisation des grands travaux. C’est à ce dernier niveau que cela coince, que l’Etat a du mal à trouver les financements. Des solutions vont des emprunts obligataires aux rachats des dettes du pays qui n’emballent pas vraiment les investisseurs selon des sources concordantes. Au-delà de ces considérations, l’Etat est pris en tenailles entre la satisfaction des mesures sociales et le financement du PAG. Pour autant que gouverner c’est prévoir, le chef de l’Etat doit se donner de l’allant quant à un éventuel second mandat. Dans le cas échéant, le président Talon devrait se limiter au seul quinquennat en cours. Le peuple souverain qui a le dernier mot, ne lui offrira qu’une telle perspective en 2021.
Jean Achadé(contribution)
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