Bénin : Interview avec Evelyne Quenum, DP du quotidien ‘’Kini kini’’

« Le soutien des proches est indispensable pour évoluer dans ce domaine »Toujours en lutte pour se faire une place dans la presse, les femmes journalistes sont encore rares au niveau de l’écrit. Néanmoins, certaines arrivent peu à peu sortir leur épingle du jeu.

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Parmi celles-ci, il y a Evelyne Quenum. Seule femme fondatrice d’un quotidien au Bénin, elle nous parle ici des raisons qui l’ont poussée à rester dans la presse écrite et comment elle a pu évoluer dans le métier malgré les contraintes.

La Nouvelle tribune : Pourquoi avoir choisi la presse écrite ?

Evelyne Quenum : J’ai commencé d’abord par la radio en 1999, et j’étais en même temps en stage au quotidien ‘’Le Matin’’. Ma présence à la radio a été beaucoup plus soutenue qu’à la presse écrite entre 1999 et 2005. Mais malgré ça, je suis restée attachée à cette dernière parce que la presse écrite, c’est la presse mère. Si vous êtes dans l’audiovisuel et que vous n’avez pas la capacité de pondre des articles et des contenus de qualité, il va vous manquer quelque chose. Moi j’ai de la passion pour l’écriture et je suis très exigeante envers moi-même, en ce qui concerne la rédaction. Je me suis donc dis, « mais pourquoi ne pas rester dans la presse écrite ».

LNT : Certaines femmes considèrent que la presse écrite est contraignante. Mais vous y êtes et avez même fondé votre propre quotidien. N’avez-vous pas rencontré des contraintes ?

Evelyne Quenum : Les femmes fuient la presse écrite parce que c’est contraignant, c’est vrai. La presse écrite est plus contraignante que l’audiovisuel, en ce sens que lorsque vous êtes dans la presse écrite, vous n’avez pas d’heures de travail aussi flexibles que celles que vous pourriez avoir à la radio ou à la télévision.

Dans la presse écrite, on boucle tard. Il faut s’assurer que l’on a l’essentiel de l’information du jour. C’est d’abord cette exigence-là, je crois, qui fait que les femmes fuient. Si vous avez un mari qui exige que vous soyez à la maison le soir à 18 heures ou à 19 heures pour lui préparer la pâte, vous n’allez pas lui dire que vous devez rester jusqu’au bouclage.

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LNT : Vous, comment êtes-vous arrivée à faire face à ces difficultés ?

Evelyne Quenum : J’avoue que j’ai un homme qui me comprend. Ce qui me plait surtout fondamentalement chez lui, c’est que ce n’est pas quelqu’un qui écoute les ‘’on dit’’. Pour lui, l’essentiel est ce sur quoi nous nous entendons. Donc, c’est une chance pour moi. Vous allez demander qui assure la garde de mes enfants quand je dois travailler très tard. C’est ma mère qui le fait. Ma mère surtout et ma sœur qui essaie aussi de s’assurer que tout va bien de ce côté-là. Et donc, quelque part si je n’avais pas cette famille adorable là, je n’aurais pas pu rester et avancer dans la presse écrite.

LNT : Quels conseils donneriez-vous à ces femmes qui souhaitent avancer dans la presse écrite ?

Evelyne Quenum : Je voudrais leur demander d’être courageuses. Rien n’est facile dans la vie. Je voudrais leur demander aussi de prier. Moi, j’ai prié quand je me suis rendue compte des contraintes du boulot. J’ai demandé à Dieu de me donner un mari qui me comprenne et qui m’encourage dans ce que je fais. Et j’ai eu ça. Il faut aussi rassurer et mettre en confiance son conjoint. Faire en sorte qu’il ait une idée de votre calendrier professionnel de chaque jour. Qu’il ait une idée de ce que vous avez à faire. Quand vous avez des imprévus dans la journée, envoyez lui un texto, passez lui un coup de fil. Que mes consœurs essayent de cultiver la complicité avec leur conjoint, et fassent en sorte aussi qu’au niveau de la famille, elles puissent resserrer les liens de manière à bénéficier du soutien des proches. Cela est important.

Réalisée par Chimène Atrokpo

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