Le processus de renouvellement de la Cour constitutionnelle, enclenché depuis hier -avec l’officialisation de la liste des quatre premiers membres désignés par l’Assemblée nationale-, a livré une copie bien pâle. Sur les quatre « sages » désignés, deux sont des lieutenants de Patrice Talon. Cette désignation confirme a priori la main basse du chef de l’Etat sur la Cour constitutionnelle, la dernière institution de contre pouvoir qui lui tenait tête. La prochaine Cour constitutionnelle sera aux couleurs de Patrice Talon. Ce n’est plus une conjecture depuis hier, mais une évidence au regard de la liste des quatre premiers membres sortis par l’Assemblée nationale. Parmi eux, deux lieutenants de Patrice Talon.
Il s’agit de Joseph Djogbénou son ministre de la justice, et de Rigobert Azon. Cet ancien Dg de l’Organisation commune Bénin Niger (Ocbn), est l’un des premiers soutiens du candidat Talon dans le Zou. Après son arrivée au pouvoir, Talon a fait de lui un de ses collaborateurs immédiats. On l’a vu tout récemment assis à ses côtés lors d’une visite au Niger. En plus de ces deux membres, Talon devrait compter sur les trois autres membres qu’il nommera lui-même. Ceci devrait amener à cinq le nombre de membres de la Cour acquis à la cause du chef de l’Etat. Les deux membres restants, moins colorés que les cinq premiers, ne sont pas moins des « hommes du pouvoir ».
Moustapha Fassassi serait proche de Me Adrien Houngbédji, et Razack Amouda d’un leader du septentrion actuellement ministre. Il s’agit là de deux « soutiens » en rade, qui pourraient s’ajouter de temps en temps aux cinq colorés pour faire une cour mono-colore. D’ailleurs, il ne peut en être autrement lorsqu’on sait que l’actuel Cour n’a pas comblé les attentes du président de la République, qui a parfois attaqué certaines de ses décisions. Au regard de ces relations un peu difficiles, le pouvoir a intérêt à contrôler la prochaine cour, afin que sa volonté soit faite. Sur ce plan, le gouvernement a fait une bonne opération.
L’affaiblissement des institutions de contre pouvoir
La caporalisation de la Cour démontrée plus haut, consacre le requiem des institutions de contre pouvoir. En effet, la cour faisait jusque là office de gardien du temple. C’était la seule institution qui faisait l’effort de s’affranchir du joug du pouvoir exécutif. Ces décisions n’allaient pas souvent dans le sens voulu par le gouvernement, qui prenait cela pour un affront. Une fois l’institution « rebelle » tombée dans l’escarcelle du gouvernement, il ne reste plus rien qui pourrait arrêter Talon dans sa volonté de piétiner les lois du pays.
L’Assemblée nationale était dans sa poche depuis des mois, et a donné à maintes occasions les preuves de son asservissement. La preuve en est la désignation des quatre membres par elle pour siéger à la Cour. Comment comprendre que l’Assemblée nationale elle-même, ait désigné des « lieutenants » de Talon. Le gouvernement exerçait un pouvoir similaire sur la Haac, devenue un organe de répression plutôt que de régulation. Impuissante face au piratage des ondes de Soleil Fm, elle s’affiche comme une institution au service de l’Etat.
Au total, de toutes les institutions de contre pouvoir, seules celles qui ne servent à personne fonctionnement à merveille. Il s’agit de la Haute cour de justice et du Conseil économique et social, deux institutions qui meublent le décor institutionnel béninois, avec leur oisiveté légendaire. La rupture est en marche avec ses options anti-démocratiques
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