L’émission « Vue d’Ensemble » de la Télévision Carrefour a reçu ce dimanche 29 juillet 2018, le professeur Joël AÏVO . Le constitutionnaliste a jeté un regard plein d’appréhensions sur la Cour Djogbénou. Joël AÏVO a d’abord critiqué l’absence de constitutionnaliste au sein des nouveaux membres de la Cour constitutionnelle. « Le fait de ne pas avoir un constitutionnaliste (à la Cour) est un handicap au départ » a déclaré le professeur. Il estime cependant que les sept sages peuvent surmonter cet handicap en s’ouvrant au monde extérieur. Il fait par exemple remarquer que le secrétaire général de l’institution est un constitutionnaliste.
Joël AÏVO a par ailleurs apprécié les réformes engagées par Joseph Djogbénou depuis son élection à la tête de la Cour constitutionnelle. Pour le constitutionnaliste , le principe du contradictoire était déjà au niveau de la haute juridiction. L’innovation selon lui, c’est l’accusatoire qui relève du droit privé. Il fait cependant remarquer que « la justice constitutionnelle n’est pas la justice judiciaire. La Cour constitutionnelle, n’est pas le tribunal de première instance ». Un contrôle de constitutionnalité n’a pas besoin d’une audience publique de son point de vue. De plus, la haute juridiction n’est pas un « fast food , une restauration rapide » pour que des décisions affectant la stabilité du pays soient traitées dans une sorte d’urgence juridictionnelle.
Ces décisions sont indignes de la Cour constitutionnelle du Bénin
Le professeur Joël AÏVO a pour finir apprécié les décisions rendues par la Cour Djogbénou. Il dit être en désaccord avec l’immense majorité. Les décisions rendues par la haute juridiction les 21 et 28 juin dernier ne sont pas de son goût . Pour lui, ces jugements sont des revirements jurisprudentiels. Des revirements qui n’ont pas respecté les règles.
« Le revirement a des critères : le temps et les circonstances » explique t-il. De plus, il « n’affecte jamais la même décision ». Ce n’est donc ni sérieux, ni crédible pour un juge constitutionnel de revenir sur ses propres décisions alors que le temps qui sépare l’ancien jugement du nouveau est extrêmement court et qu’il n’y a pas eu une nouvelle législation, ni de changement de circonstance. A en croire le constitutionnaliste, l’effet de ces décisions est dévastateur. « Elles sont indignes de la Cour constitutionnelle du Bénin » estime Joël AÏVO.
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