Depuis l’avènement au pouvoir du gouvernement de la rupture, ce sont presque tous les secteurs qui ont subi des réformes. Ces réformes au lieu d’être des correctifs de ce qui se faisait antérieurement, se présentent plutôt comme étant de simples changements stratégiques.Par définition, une réforme s’entend comme un changement ou un réaménagement qu’on introduit dans un milieu donné dans la perspective d’y apporter des correctifs profitables aux usagers ou aux personnes qui bénéficient des services de ce secteur. Les réformes visent généralement à améliorer la qualité de prestation d’un service donné, de corriger une injustice, de réduire des inégalités ou rayer des postes de dépenses irrationnelles etc. Cependant, les réformes proposées par le régime de la rupture ne semblent pas répondre à ces exigences de transformations amélioratives des services ou institutions concernées par lesdites réformes.
Dans le secteur de l’éducation, c’est le conseil national de l’éducation, Cne, nouvelle génération qui est censé concevoir les programmes des trois ordres d’enseignement. Depuis l’annonce de cette réforme en décembre 2016 jusqu’à ce jour, aucun écho des activités du Cne.
Les réformes dans l’enseignement supérieur
Pour ce qui est de l’enseignement de l’enseignement supérieur particulièrement, la création des examens nationales de licence et de master pour une période transitoire de trois ans demeure une initiative grandement discutable sans emprise réelle sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur privé. La réduction de la carte universitaire en deux universités multi thématiques et de quatre universités thématiques, n’a visiblement résolu aucun problème à ce jour de l’enseignement supérieur public.
Au contraire, le gouvernement a plutôt eu la mauvaise inspiration de presque supprimer les bourses et d’instaurer le paiement des droits universitaires. Pourtant les bourses dans les universités d’Etat constituaient la véritable action sociale des gouvernements précédents envers les jeunes.
La police républicaine
La fusion de l’armée et de la police reste une réforme relativement appréciée. Si certains y voient une innovation, d’autres clament plutôt la déception. Si l’objectif de cette réforme est de réduire l’insécurité comme l’expliquait le chef de l’Etat, police et gendarmerie pourraient être mis ensemble sans forcément être confondues.
Risque de perte de grands médécins
Le choix donné aux agents de la santé du service public de choisir entre le public et le privé risquerait de tourner à la perte des grands médecins spécialistes qui risqueraient d’opter pour leurs cliniques plutôt que de rester dans le service public plus contraignant et sans motivation conséquente. Surtout vu le caractère coercitif avec lequel le gouvernement veut gérer cette réformes, il est possible qu’elle aboutisse plus à un bras de fer plus qu’à un arrangement concerté entre l’employeur l’Etat et le personnel de la santé.
Et si les grands médecins décident de partir du public au profit de leur cabinet, ou de partir du pays, parce qu’ils n’auront reçu l’autorisation du ministre d’exercer dans le privé, c’est le peuple béninois qui aura perdu des techniciens compétents d’un domaine très sensible.
Tension préélectorale
En politique, le gouvernement a trouvé l’inspiration sur deux réformes qui ont replongé le biotope politique dans la tension préélectorale. Il s’agit d’abord de la charte sur les partis politiques. Le gouvernement explique que l’esprit de cette loi est de diminuer le nombre de partis politiques et surtout les partis régionalistes ou tribaux.
En concevant des nouveaux textes irréalistes sur la création et le financement des partis politiques, le gouvernement n’a pas dit en quoi l’ancienne charte a présenté des limites. Même situation avec l’autre réforme qui porte sur le code électorale où des montants faramineux des cautionnements aux élections législatives et présidentielles.
En plafonnant les cautions à 200 millions pour chaque liste aux législatives et 250 millions à la présidentielle, les Rupturiens, auteurs de ces deux lois n’ont pas dit en quoi les montants des cautions antérieures ont constitué des entraves dans le bon déroulement de ces deux élections. Au total, les réformes sous la rupture sont plus de simples changements stratégiques soit pour régler des comptes soit pour exclure certaines acteurs de la compétition. Sacrées réformes.
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