Dans une lettre personnelle adressée au président de l’Assemblée nationale le 22 août 2018, le professeur Joël AÏVO demande à Me Adrien Houngbédji de ne pas céder à l’idée défendue par ses collègues du BMP. Celle qui vise à « broyer » les acquis de la conférence nationale en votant la proposition de loi portant sur le code électoral. Le professeur de droit Constitutionnelle Joël AÏVO est vent debout contre la proposition de la loi portant code électoral en République du Bénin. Pour faire entendre sa désapprobation, il a adressé une lettre personnelle à Me Adrien Houngbédji pour l’avertir du danger que court la démocratie béninoise si ce texte était approuvé par les parlementaires. « Si ce code est adopté en l’état, la mise en œuvre de certaines de ses dispositions aura vidé le consensus du PLM Alédjo de son contenu, exposerait durablement le pays à des turbulences et déclassera indubitablement notre démocratie » pense le constitutionnaliste.
Joël AÏVO faisait surtout allusion aux articles relatifs au quitus fiscal, aux cautions financières aux élections présidentielles et législatives et au traitement fait aux anciens présidents du Bénin . Concernant le quitus, le constitutionnaliste fait savoir qu’il a peu d’illusion sur sa pertinence et sa valeur ajoutée. Pour lui, cette conditionnalité a été utilisée dans les années 90 et 2000 par certains gouvernants pour éliminer arbitrairement les personnalités dont les candidatures sont redoutées.
Quant aux cautions financières, le constitutionnaliste dit ne pas comprendre pourquoi les députés du BMP (Bloc de la Majorité Parlementaire) ont arrêté 250 millions comme somme à payer par les candidats aux élections présidentielles. Ailleurs, indique-t-il, on a « recours aux parrainages des élus ou des citoyens inscrits sur la liste électoral (et on) n’exige que des montants symboliques ». « Je suis de toutes mes forces contre la démocratie du « t’a pas d’argent, casse-toi » a-t-il poursuivi.
De son point de vue, cette mesure est un retour en arrière qui cache mal la privatisation de notre démocratie et la monétisation des fonctions politiques de l’Etat. « Demain, il ne restera (en politique) que des commerçants, des hommes d’affaires ou quelques rares braves citoyens sponsorisés par des intérêts économiques ou otages de montages financiers pour être capables de présenter des listes aux législatives et de payer leurs candidatures aux présidentielles» prophétise t-il.
Se prononçant sur le retrait du statut d’anciens présidents aux ex chefs d’états candidats à des postes politiques, Joël AÏVO fait savoir que le statut d’un ancien chef d’Etat à la fin de son mandat tient aux fonctions qu’ils a exercées et qui , de toutes les façons ne peut lui être retiré. Il donne l’exemple de certains pays ou les ex chefs d’états deviennent sénateurs à vie sans pour autant perdre leurs statuts d’anciens présidents. D’autres sont de droit, membres du conseil constitutionnel de leur pays.
« Ce qui inquiète le plus, au-delà de notre pays, c’est la prolifération des lois personnelles, des lois drones fabriquées pour porter des roquettes et des missiles programmés pour frapper des personnes que l’on reconnait aisément » dénonce le constitutionnaliste. Il invite pour finir le président du parlement à ne pas céder à l’idée défendue par certains de ses collègues selon laquelle, 1990 est dépassé, la Conférence nationale, une vieillerie et notre modèle démocratique, un frein au développement.
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