La séance plénière de la journée d’hier, lundi 24 septembre 2018, à l’Assemblée nationale a été très mouvementée. Au terme de la désignation des représentants de l’Assemblée nationale dans les commissions communales d’actualisation (Cca) de la Lépi, une suspension est intervenue avant l’adoption du projet de budget exercice 2019 de l’Assemblée nationale.Avant cette suspension, le député Nouréni Atchadé a demandé au président Adrien Houngbédji, l’autorisation de faire une déclaration à la tribune de l’hémicycle. Demande que ce dernier a accepté mais à la reprise des travaux. Malheureusement, au terme même de l’adoption du budget du parlement, le président Adrien Houngbédji n’a plus accéder à la requête du député de la minorité, Nouréni Atchadé, suspendant ainsi la séance sans autre forme de procès. On ignore jusque-là les réelles motivations du président de l’Assemblée nationale qui avait pourtant accepté de d’accorder à ce député de la minorité le privilège de faire sa déclaration.
Une fois la séance levée par le président Houngbédji, les députés de la minorité, indignés, frustrés et remontés après ce comportement qu’ils qualifient d’anti-démocratique du président de l’Assemblée nationale, ont préféré s’en remettre à la presse parlementaire pour se faire entendre par le truchement d’un point de presse. Outre l’honorable Nouréni Atchadé, il y avait d’autres collègues de la minorité parlementaire tels que Guy Dossou Mitokpè qui a déclaré que c’est avec un cœur meurtri qu’il se présente devant la presse.
D’entrée, ce dernier a rappelé qu’il y a un an, il avait été pratiquement chassé du parlement par le président de l’Assemblée nationale au moment où il s’apprêtait à faire une déclaration au nom de la minorité parlementaire. Il a déploré avec véhémence que le même scénario vient de se produire avec leur collègue Nouréni Atchadé.
« Le président de l’Assemblée nationale et toute la majorité viennent de réitérer cette transgression à notre démocratie en refusant d’accorder la parole à cette minorité parlementaire » s’est indigné l’honorable Guy Mitokpè avant de déclarer que c’est un acte anti-démocratique et c’est des faits extrêmement dangereux pour notre démocratie.
Lire l’intégralité de la déclaration lue par le député Nouréni Atchadé devant la presse
DECLARATION DE LA MINORITE PARLEMENTAIRE
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Chers collègues députés,
C’est avec grande indignation que je me permets, au nom de la minorité parlementaire, de prendre la parole ce jour, lundi 24 septembre 2018, pour une fois encore me prononcer sur l’actualité de notre pays ces dernières heures.
La démocratie chèrement acquise en 1990 au prix de nombreux sacrifices est menacée par les seigneurs de la République, les princes du Nouveau départ. Et il me paraît opportun en cette solennelle occasion de déclaration reconnue par le règlement intérieur, de l’Assemblée Nationale, d’attirer notre attention sur le rôle que notre institution joue dans ce plan machiavélique savamment orchestré pour tuer notre démocratie, grâce au BMP.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Chers collègues députés,
Tout est fait pour instrumentaliser le Parlement afin de mieux aliéner le peuple.
De quoi est-il question réellement ?
Dans la presse nationale et internationale, il est fait mention d’une correspondance du Ministre de la Justice au Procureur spécial près la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET) aux fins d’engager des poursuites à l’encontre des anciens ministres Aboubacar YAYA, Fatoumata AMADOU DJIBRIL, Valentin DJENONTIN AGOSSOU et Simplice CODJO. Ce faisant, le Gouvernement vient de manifester une fois encore son mépris envers l’institution parlementaire qui, récemment, a voté pour l’autorisation de poursuite de ces quatre personnalités, devant la Haute Cour de Justice.
Mieux, le Gouvernement de la ruse et de la rage, chaque jour que Dieu fait, donne la preuve de son obsession à violer la Constitution de 1990. Quelle aberration !
L’opposition avait déjà dénoncé la lutte sélective contre les personnes qui n’ont pas fait allégeance au roi. Une chasse aux sorcières, qui ne dit pas son nom, a été lancée depuis le premier échec à la révision de la constitution en mars 2017, telle que voulue par le Président Patrice TALON et ses hommes.
Monsieur le Président,
Chers représentants du peuple,
Pourquoi saisir le Procureur spécial près de la CRIET après le vote à l’Assemblée Nationale ?
Ce gouvernement tel un chien enragé, fonce droit pour conduire notre pays dans le décor et le précipice. À travers cette déclaration, nous députés de la minorité parlementaire, mettons le Gouvernement en garde contre cette énième ruse qui a pour objectif premier, d’envoyer les opposants à la guillotine. Cette fois-ci, trop c’est trop ! Ça suffit maintenant !
C’est pourquoi, nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoin. Le Gouvernement veut mettre le pays à feu et à sang. Il doit être prêt à en assumer les conséquences. Il n’y a pas si longtemps, les barons du nouveau départ ont caricaturé notre nation comme un État sinistré, bafoué (j’en oublie volontiers), descendu de son piédestal. Mais par cet acte de ruse, le gouvernement dit de la rupture est en train d’inscrire le Bénin dans le groupe de pays où règne terreur et la panique. Nous ne souhaitons pas cela pour nos populations. Pour finir, je vous renvoie à cette citation du philosophe Denis DIDEROT qui a dit, je cite : « Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte.« , fin de citation. Nous ne mourons pas maintenant. Nous ne sommes pas prêts à fuir comme certains sont maîtres en la matière. Car ici c’est le Bénin, notre Patrie. Nous nous battrons pour que force reste à la loi et que soient préservés les acquis
démocratiques qui ont toujours fait la fierté de notre beau pays.
Vive la démocratie
Vive le Bénin
La patrie ou la mort, nous vaincrons.
Je vous remercie.
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