Où sont passés les 10 milliards prétendument investis dans la recapitalisation de la banque internationale du Bénin, Bibe. C’est la question que se posent beaucoup de béninois.C’est l’importance que le chef de l’Etat accordera à ce dossier qui démontrera jusqu’à quel point la lutte contre la corruption est soit un idéal que poursuit le chef de l’Etat ou tout simplement une mise en scène politique. Il s’est tenu en juillet 2018 au tribunal de première instance de première classe de Cotonou, un procès qui opposait la Bibe à ses actionnaires majotaires: la société Union Bank of Nigeria Plc, la société First Bank of Nigeria Plc et la société Unity Bank of Nigeria Plc.
La partie plaignante qu’était la Bibe demandait au juge parmi ses prétentions: de constater la régularité de l’assemblée générale extraordinaire du 05 octobre 2017, de constater que l’Etat béninois et la Cnss ont libéré le montant correspondant aux actions souscrites. La lecture exhaustive de la décision du juge rendue le 12 juillet 2018 permet de comprendre que la Bibe au cours de ce procès entendait faire reconnaître par la justice que le gouvernement et la Cnss sont désormais ses deux actionnaires majotaires au détriment des trois anciens cités plus haut et qui s’opposaient à la recapitalisation de la Bibe.
Le juge au cours du procès n’a pas voulu se contenter des simples déclarations encore moins des écrits sur l’ouverture du capital par l’ État béninois et la Cnss auprès de la Bibe. Le droit étant fondé sur les faits, il a instruit une mission de constatation physique des dix milliards dans les comptes de la Bibe. Le jour où la dite opération devrait avoir lieu, le Dg de la Bibe s’est trouvé une excuse pour faire échouer la mission. Et même l’expert comptable Serge Vincent Dossou Gbete commis par le tribunal a produit son rapport dans lequel il a affirmé son impossibilité de procéder au contrôle physique des comptes provenant de l’ouverture du capital à la Bibe par l’ État beninois et la Cnss. C’est pour cela que le juge dans sa décision rendue le 12 juillet 2018 sur cette affaire déclare : « qu’aussi bien le tribunal et l’ Expert comptable Serge Vincent Dossou Gbete n’ont pu constater la présence physique de la somme de dix.milliards Fca versés par l’ État béninois et la Cnss suite à leur souscription à l’ouverture du capital social de la Banque internationale du Bénin, Bibe« .
Le juge est davantage clair dans sa décision lorsqu’il précise dans la suite que: « déclare que l’ État beninois et la Cnss n’ont pas libéré effectivement de fonds relatifs à leur souscription à l’ ouverture du capital social de la Banque ». C’est fort de constat que le juge: « ordonne à l’ État beninois et la Cnss de verser les fonds relatifs à leur souscription sur ce compte ouvert à cet effet au plus tard le 23 juillet 2018« . C’est ce jugement qui a inspiré la lettre adressée le 24 septembre 2018 au président du conseil d’administration de la Cnss par le secrétaire général du Syndicat national des agents de sécurité sociale, Synass, Gilbert Setondjè Boco. Le Sg du Synass rappelait au Pca ce jugement et entendait savoir où sont passés les 4,5 milliards décaissés par la Cnss.
Cette question est tacitement aussi posée au ministre des finances pour ce qui est des 5,5 milliards que l’ État beninois à travers le gouvernement prétend aussi avoir libéré pour entrer dans le capital de la Bibe. Ce ne sont donc pas des supputations encore moins des affabulations. Les faits sont extrêmement clairs mais surtout graves pour que le chef de l’Etat tape du poing sur la table pour la manifestation de la vérité. Et comme cela s’est fait avec les autres cas de détournement des fonds publics, la bonne foi du chef de L’Etat dans cette affaire s’observera lorsque le conseil des ministres instruira le ministre de la justice à engager des poursuites judiciaires contre les mis en cause et en introduisant au parlement une demande d’autorisation de poursuite du ministre des finances.
Si cela n’est pas fait, l’opinion se fera une idée de la conduite de la lutte contre la corruption au Bénin Donnant ainsi raison à ceux qui soutiennent que le déclenchement tonitruant de l’affaire Laurent Metongnon et de ses co-accusés visait surtout à étouffer ce grand détournement de dix milliards sous la rupture.
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