A la faveur d’une conférence de presse ce soir à Cotonou, les avocats de l’homme d’affaire béninois et opposant au pouvoir politique en place, Sébastien Ajavon, empêchés de défendre leur client dans la matinée devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), ont exprimé leur opinion sur la condamnation de leurs clients dans le dossier cocaïne, ce jeudi 18 octobre 2018. Ils ont annoncé la poursuite de la procédure. La justice béninoise a rendu un nouveau jugement ce jeudi 18 octobre 2018 dans l’affaire 18 kg de cocaïne qui aurait été retrouvés en octobre 2016 dans un conteneur en direction d’une société de l’homme d’affaire Sébastien Ajavon. En l’absence des prévenus et de leurs avocats qu’elle a refusés d’écouter, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) au Bénin qui a repris le dossier après deux ans, a considéré que le crime de trafic international de stupéfiant a bien été commis par Sébastien Ajavon et les trois autres prévenus dans cette affaire.
Elle a condamné chacun d’eux à vingt (20) ans d’emprisonnement ferme et cinq (05) millions de francs Cfa d’amende. Elle a aussi délivré un mandat d’arrêt international contre eux. C’est « une décision tronquée », « une décision abjecte », « une décision sévère », « une décision pré-rédigée », « un crime », selon les avocats de la défense. A l’occasion de leur sortie médiatique dans la soirée de ce jeudi à l’hôtel Azalai de Cotonou, les conseils de l’homme d’affaire ont exprimé leur colère par rapport à la manière dont cette décision a été prise. Pour Me Marc Bensimon, dans une telle décision, la CRIET n’as tenu compte du jugement qui a été déjà rendu le 4 novembre 2016 par le tribunal de première instance de Cotonou pour la même affaire. « Jugement qui avait relaxé purement et simplement monsieur Sébastien Ajavon » rappelle l’avocat au barreau de Paris. « Nous savions que c’était un complot. Il a été dénoncé devant le tribunal. Ce qui a entrainé un jugement de relaxe à l’époque. Il devait être dénoncé aujourd’hui, il n’a pas pu l’être et la cour a pris cette position » ajoute-t-il. C’est dire selon lui, que cette décision a été a rendue sans que le moindre argument et moyen de droit n’ait pu être exprimé par la défense.
En effet, les avocats des prévenus n’ont pas pu défendre leurs clients dans le rebondissement de cette affaire avant que la CRIET ne rende sa décision. « Ce matin, lorsque nous étions devant cette juridiction répressive, nous représentions conformément au code de procédure pénale béninois nos clients, que nous avons leur lettre de représentation et que nous étions légitiment en droit de prendre la parole, le président a refusé de nous donner la parole » rend compte Me Marc Bensimon. Il défend que partout au monde, « sans la présence des avocats qui portent la parole d’un accusé, d’un prévenu, la justice ne peut être rendue.» Il est juridiquement inconcevable, dira Me Ayodélé Ahounou qu’une cour sérieuse puisse dénier aux avocats le doit élémentaire de représenter leur partie.
Pourvoir en cassation
Convaincus qu’il s’agit d’une « affaire de pseudo cocaïne », les conseils d’Ajavon comptent déclencher une procédure contre cette nouvelle décision dans le dossier. « Nous sommes en colère par rapport à une telle décision, nous combattrons, nous n’arrêterons pas la procédure, nous envisageons dès demain, de former un pourvoi en cassation » informe Me Marc Bensimon. Pour eux, c’est la voie qui s’offre après la décision de ce jeudi même si la CRIET l’aurait pris par défaut. D’après leurs explications, ce jugement ne pouvait plus être par défaut du moment où y a eu des convocations à personne et les prévenus ont également écrit pour être jugés en leur absence. Du coup, la décision ne peut-être que contradictoire. Ce qui ouvre la voie de la cassation devant la Cour suprême. Selon Me Issiaka Moustafa, la CRIET a qualifié à tort sa décision de défaut parce qu’elle ne veut pas libérer le dossier. En effet, lorsque c’est à défaut, la loi permet à la défense de faire opposition dans un délai de 10 jours pour un nouveau jugement devant la même cour, donc toujours la CRIET dans le cas d’espèce. «On ne peut pas revenir devant cette cour…Ce procès ne s’arrêtera pas ici » martèle Me Ahounou. «Nous savions que cette cour était incapable de juger cette affaire» dira Me Marc Bensimon.
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