Ce samedi 6 octobre 2018 fait exactement deux ans et demi que le gouvernement de la rupture est aux affaires. Ce moment correspondant à ce qu’on appelle traditionnellement la période de mi-mandat qui désigne la moitié de la durée du mandat. Il est de coutume que l’atteinte de mi-mandat donne lieu à une évaluation objective de la gouvernance du pouvoir aux affaires. Et pour le cas du régime de la rupture, les observations les plus conciliantes évoquent un bilan mitigé.L’évaluation de la gouvernance d’un régime à l’occasion de la période de mi-mandat a pour objectif de faire le bilan de sa gestion mais aussi de prédire à partir de ce bilan les possibilités de ce régime à réaliser les engagements pris au départ.
Le gouvernement en place a présenté pendant la campagne électorale un projet de société qui a accroché bon nombre d’électeurs. Mais une fois aux affaires en Avril 2016, rien de ce qui avait été annoncé n’a été appliqué. Les actes qui ont valu à ce régime de l’administration des improvisations. C’est le cas de la désignation des six autres chefs-lieux de régions et la suppression des concours à polémique auxquels on peut ajouter la suppression des services dits budgetivores dans l’administration. Les populations ont aussi accueilli avec une relative satisfaction l’effort consenti par le gouvernement de la rupture pour juguler l’insécurite dans les villes et les campagnes mais aussi de réduire considérablement le phénomène de délestage.
Par contre, le critère de nominations fondées sur la base des appels à candidature, a plutôt laissé la place à des nominations de récompense. La confession du chef de L’Etat faite pendant la campagne électorale d’avoir quitté les affaires est restée sujette à caution. Le retour du programme de vérification des importations, Pvi au port de Cotonou à travers la société Bénin control à fait réfléchir plusieurs citoyens. Le.démarrage des activités du port sec d’Allada a amené certains à se demander si ce n’est pas pour relancer ses affaires que Patrice Talon s’est battu pour se faire élire Président de la république.
La réalisation des projets devant aboutir à la transformation des conditions de vie des populations n’ont pas eu lieu au cours de cette mi-mandat. A la surprise générale, c’est en décembre 2016 soit huit mois après l’arrivée au pouvoir que le chef de L’Etat présente aux citoyens à travers une cérémonie très cossue le programme d’action du gouvernement, Pag. Le contenu qui s’étale sur tous les domaines de la vie de la nation est très enchanteur. Sauf que la réalisation des projets phares et même des projets simples n’est pas dans l’immédiat. On explique que les études préalables à la réalisation de ces projets vont durer deux ans. Il faut comprendre par là que c’est dans la deuxième moitié du mandat qu’il faudra attendre ces réalisations. D’où le doute exprimé par certains citoyens sur la réalisation effective de ce Pag au cours de ce mandat.
En attendant, la misère s’intensifie. Pendant ce temps, des mesures antisociales sont prises par le gouvernement, accentuant davantage le mal-être des populations: suppression de la gratuité de la césarienne, réduction drastique des bourses universitaires proche de la suppression, instauration des droits universitaires, augmentation des frais de douane et du fisc. Pendant ce temps les salaires des ministres et de leurs collaborateurs sont revus à la hausse. Par ailleurs, le gouvernement supprime des emplois et contraint des entreprises à la fermeture.
La Sttb au port de Cotonou, la société Glo mobile, Libercom, Onasa, la Sodeco et bien d’autres sont contraintes de fermer les portes et de mettre au chômage des milliers d’employés. Les secteurs de la santé et de l’éducation connaissent des paralysies avec des répercussions malencontreuses sur les usagers. La justice peine à recouvrir son indépendance à défaut d’être aux ordres. Le parlement est vassalisé et réussit l’exploit de voter des lois impopulaires qui mettent en péril les libertés et les acquis démocratiques. La tension sociale est à son comble surtout nourrie par des propos provocateurs des zélateurs du régime et d’une certaine presse qui encense le régime et injurie et calomnie impunément ceux qui sont d’avis contraire. C’est donc un mi-mandat mitigé que le gouvernement de la rupture marque ce jour avec comme particularité, la difficulté à convaincre l’opinion de sa capacité à accomplir des miracles au cours des deux ans et démi restants.
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