C’est sur nos voies, c’est dans nos rues

Nous roulons sur nos voies. Nous marchons dans nos rues. Nous sommes dans un environnement familier. Aussi ne voyons-nous pas toujours les mille et une bizarreries et anomalies qui auraient dû pourtant nous interpeller.

C’est l’accoutumance par l’habitude. Pour une fois, ouvrons grand les yeux et les oreilles. Indignons-nous de ce que nous voyons. Désolons-nous de ce que nous entendons. Les bêtises qui hantent nos voies et nos rues doivent aider à une prise de conscience salutaire. En voici un échantillon.

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1 – Les sacrifices à nos carrefours. Des noix de cola, de l’huile de palme, de la farine, des pièces de tissu, de monnaie, des quartiers de poulets… Ce sont là autant d’ingrédients d’un dispositif sacrificiel. Certains, aux aurores, en encombrent nos carrefours. Objectif : s’attirer les faveurs des divinités du ciel et de la terre. Cet encombrement de nos carrefours est-il sans conséquences pour la fluidité et la sécurité de la circulation ?

2 – Des coups de klaxon de jour et de nuit. Connaissent-ils le code de la route et les dispositions légales de notre pays ceux des conducteurs qui prennent un vilain plaisir à tympaniser nos oreilles, à temps et à contre temps ? Heureux que nous nous préoccupions ces jours-ci de pollution sonore. Pourvu que ça dure et que des résultats suivent !

3 – Vol des regards d’égout et des panneaux de signalisation. Un panneau de sens interdit, ô combien utile pour la circulation, s’évapore. Une bouche de caniveau disparait. Où atterrissent-ils tous ces objets volés ? Dans une forge de quartier. Les y attendent des mains complices prêtes à les transformer en ustensiles de cuisine ou en instruments aratoires. Voilà comment les malfrats qui écument nos routes et nos rues mettent nos vies en danger. Contre quelques pièces de monnaie.

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4 – Des dos d’âne improvisés. Ne dites plus « dos d’âne ». Dites plutôt « Ralentisseur ». C’est le terme approprié. L’ignorance en la matière nous a fait passer du « dos d’âne » au « dos de chameau ou de dromadaire ». Les ralentisseurs, made in Bénin, sont de toutes les tailles, de toutes les dimensions. Pourtant, ces ouvrages obéissent à des normes et sont strictement codifiés. L’improvisation n’est pas de mise. Le premier maçon venu ne peut donc se déclarer constructeur de ralentisseur. Usurpation de titre professionnel. Un délit !

5 – Des pneus usagers tenant lieu de ronds points. Les citoyens, pour leur sécurité, jugent utile d’ériger, ici et là, des ronds points. Aussi recourent-ils, pour ce faire, à des pneus usagers. Alors question : devons-nous faire d’une disposition spontanée des populations un dispositif pérenne et définitif ? Le rond point érigé avec des pneus usagers par les habitants d’un quartier n’est qu’un appel du pied. Aux autorités compétentes de le comprendre ainsi, convertissant, si nécessaire, le provisoire en un ouvrage définitif.

6 – Des parkings sauvages et anarchiques. Sous prétexte de manquer d’espaces appropriés pour garer leurs camions, beaucoup de chauffeurs de gros camions se donnent le mot, transformant certains quartiers de Cotonou en un parking géant. Tant pis pour les résidents. Ils doivent supporter les nuisances de cette invasion inqualifiable. Tant pis pour les usagers des voies et rues de ces quartiers. Ils sont persona non grata sur leur propre terre.

7 – L’encombrement humain causé par des malades mentaux et des mendiants. On ne peut laisser aller et venir dans la ville ceux de nos compatriotes qui méritent une prise en charge adéquate et responsable. On ne peut non plus laisser s’étaler et s’exposer, à certains points stratégiques de la ville et sous prétexte de mendicité, la misère humaine. Faisons moins de discours sur les droits humains. Agissons !

8 – Le vandalisme des compagnies d’eau et d’électricité. Ces compagnies, pour diverses raisons et pour satisfaire leurs clients, se trouvent obligées de casser le bitume, de déplacer les dalles. Malheureusement, à la fin des travaux, la parenthèse ouverte ne se ferme plus. Des vandales sont passés par là. Une voie asphaltée, une rue pavée, qui ont coûté cher au contribuable, garderont à jamais les séquelles d’un travail mal fait. Négligence ? Laxisme ? Inconscience ? Pas de miracle : nos routes et rues changeront du jour où nous déciderons de changer nous-mêmes.

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