Les forces politiques de l’opposition au Bénin interpellent le gouvernement Talon. Elles évoquent une impasse qui guette le pays, conséquence de la situation politique créée par le pouvoir Talon, du fait de la violation par lui et en faveur des blocs politiques de la mouvance présidentielle, du code électoral. Elles mettent ainsi en garde le président de la République et font des propositions.
C’est à travers un message lu par le président du parti Restaurer l’Espoir (RE), Candide Azannaï, lors d’un point de presse organisé par l’opposition dans la soirée de ce lundi 18 février 2019 à Cotonou. Et ce, après la projection d’une vidéo de la conférence de presse, semaine dernière, du ministre de l’intérieur Sacca Lafia au sujet de la situation des dossiers de déclaration de mise en conformité des partis à la nouvelle charte politique.
Le ministre dans ses déclarations, indiquait que si le processus de conformité devrait être suivi «de façon normale, nous allons atteindre les élections sans qu’aucun parti n’ait fini ou très peu de partis auraient fini de satisfaire». A ses dires, la Cour constitutionnelle a demandé que le ministère délivre un certificat de conformité. «C’est une disposition transitoire» pour permettre aux partis de prendre part aux élections, informe le ministre.
Violation de la loi pour sauver la mouvance
Pour l’opposition, le gouvernement de Patrice Talon à travers la Cour constitutionnelle, la Commission électorale nationale autonome (CENA) et le Ministère de l’intérieur est arrivé là parce que s’étant retrouvé face aux difficultés, voir l’incapacité, des blocs politiques Pro-Talon (Bloc Républicain et l’Union Progressiste) à franchir les pièges tendus par la charte des partis politiques aveuglement votée par le Bloc de la majorité parlementaire (BMP) et promulguée par le chef de l’Etat.
Le gouvernement aurait décidé de les aider. Mais la formule trouvée est malheureusement en violation de cette charte et du code électoral. C’est une nouvelle pièce constitutive des candidatures aux législatives –le certificat de conformité- et une période transitoire qui ne sont prévues nulle part par la loi. «Nous nous trouvons dans une situation où l‘autorité est en train de violer la loi votée par le parlement et promulguée par la même autorité» dénonce l’ex président de la République Boni Yayi.
De la sagesse pour Talon
Ajoutées aux difficultés de la Direction générale des impôts dans le traitement des dossiers d’obtention du quitus fiscal et aux flous qui obscurcissent le code électoral, les déclarations susmentionnées de Sacca Lafia constituent un aveu d’échec du gouvernement à travers la voix du ministre de l’intérieur quant à la réforme du système électoral et du système partisan, d’après l’opposition. Selon elle, en de pareilles circonstances, avec les risques d’une impasse politique pour le pays, la sagesse enseigne qu’il faut reculer et chercher le consensus.
C’est ce qu’elle recommande au président Talon. «L’opposition est venue dire à Talon d’arrêter, qu’il est allé trop loin en inventant par Djogbénou –le président de la cour constitutionnelle, ndlr- ce qui n’existe pas dans la loi. Nous sommes venus dire de ne pas amener le pays dans la guerre civile» précise l’ancien chef d’Etat Nicéphore Dieudonnée Soglo.
Amendement en urgence du code électoral
Pour ce, elle invite le gouvernement à «annuler sans délai, l’introduction frauduleuse dudit certificat de conformité inventé par la Cour Constitutionnelle, et n’ayant aucune légitimité, ni base légale; délivrer sans délai les pièces prévues par la loi à tous les partis politiques ayant régulièrement déposé leur dossier au ministère de l’intérieur ; arrêter la mascarade observée dans la délivrance du quitus fiscal».
L’opposition demande également au gouvernement, la CENA et à la Cour constitutionnelle d’«arrêter les tentatives de passages en force» et «à réunir sans délai toute la classe politique pour la recherche des conditions consensuelles à un amendement en procédure d’urgence du Code électoral afin de corriger toutes les malfaçons normatives, les dénis démocratiques notamment l’article 242 et les dispositions d’exclusion qu’il comporte». Elle met en garde le président Talon et déclare que sa responsabilité personnelle est engagée en sa qualité de chef de l’Etat.
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