Une bibliothèque a brûlé en Afrique. La bibliothèque ivoirienne est en flamme. Bernard Dadié s’en est allé ! Et cette fois-ci, c’est sûr. C’est définitif. Le patriarche est bien mort. Il est parti après 103 ans de vie. L’annonce a été faite ce samedi par Maurice Bandaman, ministre ivoirien de la Culture. Plusieurs fois annoncé mort, le célèbre écrivain avait souvent déjoué les pronostics, et tel un phénix, semblait toujours renaître de ses cendres. Mais ce samedi, le génie ivoirien a bel et bien tiré sa révérence.
Homme de lettres, homme politique, activiste engagé, lauréat de plusieurs prix, le talentueux écrivain dont le nom à l’état civil est Bernard Abou Koffi Binlin Dadié a écrit l’une des plus belles pages de l’histoire littéraire africaine. Et a tenu fermement sa place dans le milieu politique ivoirien.
Ecrivain précoce d’un rare éclectisme
Sa carrière littéraire commence alors qu’il n’était qu’un élève de 15 ans. Le brillant élève qu’il était composa un texte de théâtre, Les Villes, pour la troupe de son école. C’était déjà en 1931 à l’Ecole primaire supérieure de Bingerville. Cette pièce fut le point de départ d’une longue et riche carrière d’écrivain au cours de laquelle Bernard Dadié aura le rare privilège de toucher à la plupart les genres littéraires depuis le théâtre jusqu’à l’essai en passant par le conte, le roman etc. En témoigne la riche bibliographie qu’il nous laisse.
Ses contes Légendes africaines (Seghers, 1954) et Le Pagne noir (Présence Africaine, 1956) reflètent la riche tradition orale de l’Afrique noire. Ses romans Climbié (considéré par beaucoup comme une autobiographie) publié en 1956 (Seghers) et la trilogie Un Nègre à Paris (Présence Africaine, 1959), Patron de New York (Présence Africaine, 1964) et La Ville où nul ne meurt (Présence Africaine, 1969), exposent la rencontre du Noir avec le modernisme et l’Occident. Ses théâtres dont les plus connus sont Monsieur Thôgô-Gnini(Présence Africaine, 1970), Béatrice du Congo (1970), Iles de tempête (1973) sont des pièces plutôt plaisantes régulièrement interprétées sur des scènes internationales en France et même en Amérique. Il fut deux fois lauréat du Grand Prix Littéraire de l’Afrique noire, d’abord en 1965 avec son roman Patron de New York, et ensuite en 1968 avec le roman La Ville où nul ne meurt.
Le politique et activiste engagé
Bernard Dadié est aussi connu pour son importante activité politique commencée bien avant les indépendances africaines. Engagé dans la lutte pour l’indépendance, il fut embastillé en 1949 et relâché après 16 mois. Au matin de l’indépendance ivoirienne, il est appelé par le président Félix Houphouët-Boigny pour servir dans divers cabinets ministériels avant d’être promu Ministre de la culture et de l’information de 1977 en 1986. Récemment, il a clairement pris position pour Laurent Gbagbo dans la crise ivoirienne et lancé une pétition pour sa libération de la Haye. Cette pétition a recueilli 26 millions de signatures ! La Côte d’Ivoire pleure aujourd’hui l’un de ses plus grands hommes de tous les temps.
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