Le 2 avril dernier, les habitants de la ville de Chicago, Illinois, ont élu pour la toute première fois de l’histoire, une femme homosexuelle à la tête de leur ville. En effet, Lori Lightfoot, 56 ans, ancienne procureure fédérale, l’a largement emporté contre son premier rival annoncé, Toni Preckwinkle, démocrate et, elle aussi, afro-américaine.
Les premiers chiffres font ainsi état d’une victoire écrasante puisque Lightfoot aurait remporté pas moins de 74 % des suffrages. Son programme lui, a fortement séduit. Dans une ville où les inégalités sociales, raciales et économiques sévissent, celle-ci a promis de faire le ménage en permettant aux quartiers pauvres de la ville, de, eux aussi, connaître l’essor. Le sud et l’ouest de Chicago sont en effet à la traîne s’ils sont comparés au nord et au centre de la ville, qui pendant longtemps, ont bénéficié de subventions liées à des programmes de développement économique.
Le changement prend le pas sur le statu quo
Visiblement satisfaite de sa victoire, celle-ci s’est réjouie de voir que le changement avait enfin pris le pas sur le statu quo. Son adversaire, Toni Preckwinkle, 72 ans, est l’actuelle dirigeante du comté de Cook. Il y a quelques semaines, les deux femmes étaient arrivées en tête du premier tour, avec 17,5 et 16 % des voix. Elles ont ainsi devancé les 12 autres candidats à la mairie, qui durant des semaines se sont battus afin de prétendre à la succession de Rahm Emanuel, en poste depuis 2001, qui a annoncé un peu à la surprise générale ne pas vouloir briguer de nouveau mandat.
Chicago, ville meurtrie
Dans les faits, si Chicago a d’ores et déjà été dirigée par une femme et par une personne noire, c’est bien la première fois qu’une femme, noire et homosexuelle se hisse à la tête d’une ville de cette taille, la troisième du pays, avec 2.7 millions d’habitants. Marquée par un fort taux de meurtre, plus de 550 en ont été comptabilisés en 2018, soit l’équivalent de New York et de Los Angeles combinés, la ville est également en proie à de grandes inégalités et une défiance grandissante entre la jeunesse et les forces de l’ordre.
La population exprime son ras-le-bol
Un sentiment de ras-le-bol général au sein de la communauté qui s’est traduit par une sortie des urnes assez inattendue. En effet, selon Evan McKenzie, professeur de sciences politiques à l’université de l’Illinois, ces résultats tendent à prouver que les citoyens ont exprimé une sorte d’envie de « virer tout le monde » en sanctionnant les représentants de la politique politicienne. Corruption, violence, défiance, enquêtes fédérales, les casseroles s’accumulent un peu trop à leur goût. Un sentiment de déjà-vu, puisque, partout à travers le monde, les nouveaux représentants de la politique semblent avoir réussi à se faire une place de choix au sein des scrutins.
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