Syrie : le temps des rivalités entre Russie et Iran est venu

Depuis 2011, date à laquelle le conflit syrien a pris une tout autre tournure, la Russie et l’Iran se sont associés. Au niveau financier, logistique et militaire, Moscou et Téhéran se sont longtemps appuyées l’une sur l’autre. Aujourd’hui, les deux nations, face à la fin du conflit, tentent ainsi de placer leurs pions afin de récupérer le fruit de leurs investissements.

La Russie, tout d’abord, est déjà bien implantée en Syrie. Le Kremlin dispose effectivement d’une base navale à Tartous ainsi qu’une base aérienne à Hmeimim, dans la province du Lattaquié. En 2017, Damas et Moscou étaient d’ailleurs parvenus à un accord, stipulant que les Russes pourraient y rester durant cinquante ans. En outre, les forces russes ont également été déployées dans diverses régions reconquises par le régime. Enfin, ce ne sont pas moins de huit postes de surveillance qui ont été installés par les Russes au niveau du plateau du Golan. De quoi assurer une présence stratégique un peu partout sur le territoire et surtout, un appui tout particulier aux militaires et à la sécurité syrienne. Histoire de mieux se faire voir par la population syrienne à majorité Sunnite, des policiers Tchétchènes ainsi que des musulmans sunnites ont été recrutés.

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Russie, Iran, une lutte d’influence

Un coup dur porté à l’Iran, à majorité chiite, qui de fait, part avec un peu de retard. En effet, outre la différence religieuse, les Russes ont également un temps d’avance grâce notamment à sa forte collaboration avec l’état Syrien. De hauts responsables, acquis à la cause Russe, ont ainsi été placés à des postes-clés. L’idée étant d’accroître l’influence du Kremlin sur les hauts dignitaires syriens et surtout, de barrer la voie au désormais concurrent iranien. Ainsi, un général pro-russe a été nommé par Assad alors que Moscou lorgne sur les postes de responsables des renseignements des forces aériennes, dirigés par Jamil Hassan, un pro-iranien. L’Iran en revanche, a sur ce terrain-là, réussit à placer ses pions, nommant Mohamed Mahala, ancien général, conseiller à la sécurité auprès du palais présidentiel.

L’influence militaire passe également par la revue des troupes. Moscou a par exemple réussi à instaurer une cinquième division au sein de l’armée syrienne, regroupant d’anciens miliciens, des pro-régimes et ses soldats russes. Comptant 40.000 membres, celle-ci est donc une unité très imposante. Face à ce tour de force, l’Iran a très vite répliqué, annonçant en août 2018, un accord de coopération militaire avec Damas. En outre, Maher el-Assad, frère du président dirige quant à lui la Garde Républicaine, proche des Gardiens de la Révolution, l’armée iranienne.

L’économie syrienne, directement visée

Au niveau économique, le constat est le même. Conscientes de l’importance de la Syrie pour le futur et de la manne financière qu’elle pourrait représenter, Moscou et Téhéran tentent d’obtenir le contrôle de divers points et chantiers stratégiques. Ainsi, l’Iran a récemment confirmé la signature de onze accords stratégiques de coopération économique au long terme. Même son de cloche pour Moscou qui, a également signé une batterie d’accords économiques, scientifiques et industriels avec Damas. Une course ici, largement remportée par la Russie qui a également reçu un permis d’exploitation de phosphates. Une concession exclusive de cinquante ans qui permettra à Moscou d’extraire 2,2 millions de tonnes de phosphates par an. Un accord qu’était sur le point de remporter l’Iran avant de se le faire prendre à la dernière seconde.

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Si la Russie réussie à mieux s’en sortir, la raison est d’ailleurs toute simple. En effet, les hauts responsables syriens estiment qu’elle présente plus de garanties. Sous le coup de sanctions internationales, l’Iran n’est pas un gage de stabilité, d’autant plus que les récentes tensions et décisions prises quant au dossier du nucléaire n’aident pas vraiment. En outre, l’économie iranienne est aujourd’hui, relativement perturbée, résultat, difficile pour la Syrie de s’autoriser plus de liberté avec cet allié.

Le pétrole et les hydrocarbures seront probablement Russe

L’Iran, très bien placé dans le domaine des communications risque ainsi de, là encore, se voir reléguer au second rang. Toutefois, les investissements consentis par Téhéran afin d’aider Damas, qui se chiffrent aux alentours de 6,6 milliards de dollars, poussent les dignitaires à l’optimisme. Le port de Lattaquié devrait ainsi leur revenir, sauf coup de théâtre. Le pétrole lui, reviendrait aux Russes. Aujourd’hui, le sol syrien regorge de matières premières. Avant la guerre, 385.000 barils par jour sortaient des terres locales, aujourd’hui, Damas n’en produit plus que 70.000. Un manque à gagner certains et surtout, une excellente opportunité pour Moscou qui souhaite obtenir le monopole.

L’Iran, une menace pour Israël

Enfin, l’Iran souhaite également s’implanter durablement en Syrie afin de consolider son rôle de puissance régionale mais surtout, de renforcer l’idéologie chiite. Iran, Liban, Irak et Syrie, le croissant formé par Téhéran aurait ainsi pour objectif d’accentuer la pression sur Israël. La Russie elle, souhaite pour sa part retrouver son influence d’antan et surtout, profiter des ressources offertes par un pays en reconstruction. La proximité avec d’autres acteurs économiques importants, pourrait également permettre à Moscou de nouer plus de partenariats et de liens, dans une zone riche en hydrocarbures.

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