Gardée avec beaucoup de circonspection dans le registre des dossiers confidentiels de la Marina, la condamnation du Bénin par le Tribunal de commerce international à verser la bagatelle de 55,5 milliards F cfa à la société Sécuriport est désormais sur la place publique. Le gouvernement qui se voit dans l’obligation de payer est confronté à un dilemme. Doit-il payer à partir des deniers publics ou son chef, Patrice Talon de sa poche pour respecter une décision du conseil des ministres prise il y a quelques mois ?Un os dur dans la gorge du gouvernement ! Alors qu’il se bat sur le front politique pour soigner l’image du pays entachée depuis les dernières élections législatives, le gouvernement Talon a une nouvelle braise. Cette fois-ci sur le plan économique. Depuis Janvier, la Chambre du commerce international de Paris a rendu une décision condamnant le Bénin à payer la faramineuse somme de 55,5 millions de francs Cfa à la société americano-argentine Securiport chargée du contrôle des passagers à l’aéroport de Cotonou.
Courant 2016, une fois arrivé au pouvoir, Patrice Talon et son gouvernement se sont empressés de résilier le contrat qui liait cette société à l’Etat béninois sans le moindre respect des clauses de résiliation. Et sans appel d’offres, ils l’ont confié à Morpho Dys, une société dirigée par un proche du président de la République.
En Janvier dernier, la sentence tombe telle une pilule que le gouvernement a du mal à avaler. En effet, il est condamné à payer 55,5 milliards F Cfa à Sécuriport. Mais depuis, la société n’a toujours pas réussi à entrer en possession des fonds. Estomaqué par cette décision qu’il n’a pu empêcher, le pouvoir Talon tente de négocier une résolution plus douce et plus consensuelle avec la société Sécuriport qui n’exige que le paiement de cette somme.
Talon ou l’Etat
De son côté, le gouvernement continue à hésiter. Ses tergiversations viennent d’abord du fait qu’il lui sera très difficile de justifier un tel paiement devant l’opinion. Accepter de payer une si importante somme et la payer à une société prestataire à cause du non respect des termes d’un contrat sonne comme une fausse note musicale dans le concert des discours de transparence budgétaire, de rationalisation des dépenses de l’Etat et des d’autres paradigmes similaires ventilés depuis des mois par le gouvernement.
Il est aussi peu honorable pour un tel gouvernement d’avoir à justifier cela dans un contexte national et international de morosité économique et pendant qu’on harcèle les citoyens sur le plan fiscal. Mais enfin, une autre raison plus forte que les autres expliquent les tergiversions actuelles. Au cas même où se déciderait à payer Sécuriport, le gouvernement devrait lever un grand dilemme entre la provenance de cette somme. Qui doit payer ? L’Etat ou le chef de l’Etat Patrice Talon.
En effet, au cours d’une séance du conseil des ministres, le gouvernement a pris lui-même la décision de faire payer à des cadres de l’administration, les préjudices de leurs légèretés surtout quand cela entraîne des paiements ressources financières. Si donc cette décision de résiliation a été prise par le chef de l’Etat, il devrait lui-même payer de ses poches cette décision au regard des décisions que le gouvernement a prises. Ou, tout au moins, le cadre qui est doigté comme responsable de cette faute va devoir payer de sa poche.
Le gouvernement finira par payer, sauf si, pas extraordinaire, il réussissait à trouver un terrain d’entente avec Sécuriport comme le cas du contentieux entre l’Etat et Benin Control devant la Cour commune de justice et d’arbitrage de l’Ohada qui a condamné l’Etat à 129 milliards. Talon qui a renoncé à prendre les milliards a repris tranquillement son marché de Programme de vérification des importations(Pvi) sans aucune formalité.
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