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Gbagbo et Blé Goudé : les juges de la CPI critiquent les arguments de Fatou Bensouda

Il y a environ six mois, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé étaient acquittés par les juges de la Cour pénale internationale. Les deux hommes, poursuivis pour crimes contre l’humanité commis en 2010 dans le cadre de la répression ayant suivi les élections présidentielles en Côte d’Ivoire s’en sont donc sortis à bon compte.

Dans les faits, deux juges sur trois se sont ainsi prononcés en faveur des accusés. Selon ces derniers, la thèse avancée par la procureure de justice Fatou Bensouda reposait simplement sur des « bases incertaines et douteuses ». Une manière de dire que le procès n’a pas débuté de la meilleure des façons, d’autant que ces derniers ajouteront que le récit proposé par la justice, celui concernant une Côte d’Ivoire « polarisée » entre les pro-Gbagbo et pro-Ouattara, était un peu trop cliché. Résultat, selon ces deux magistrats, aucune politique « visant à attaquer des civils de manière généralisée et systématique » n’a été mise en place à l’époque par les deux hommes.

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Deux juges pointent du doigt les arguments de la procureure Bensouda

La procureure Fatou Bensouda, en première ligne sur ce dossier, avait ainsi évoqué plusieurs sites comme étant de possibles lieux où des crimes contre des civils auraient été commis. Son premier argument concernait ainsi la marche organisée sur la radio-télévision ivoirienne, survenue au tout début du mouvement contestataire. Ce jour-là, 87 personnes trouveront la mort. Problème, selon la justice, Gbagbo avait interdit tout rassemblement. En outre, il n’y aurait à ce stade, aucune preuve justifiant une demande de répression de la part du président alors en place.

Second point démonté par la justice, les violences de Yopougon survenues en février 2011. Selon Fatou Bensouda, c’est Charles Blé Goudé qui, à l’occasion d’un discours a appelé ses partisans et ses soutiens à faire preuve de violence. Là encore un argument qui ne tient pas la route selon la magistrats, qui estiment que dans ce quartier les violences ont débuté bien avant que celui qui n’était qu’alors que le leader des Jeunes patriotes ne se rende sur place. Même son de cloche concernant la marche d’Abobo, survenue au mois de mars 2011. Au cours de cette manifestation, 13 personnes ont trouvé la mort. Cependant, il n’y aurait aucune preuve selon laquelle ce sont effectivement des soldats qui aient tiré sur les victimes. 

Enfin, le dernier point étudié par la justice, concerne les incidents du 12 avril. Ce jour-là, Gbagbo était arrêté depuis près de 24 heures alors que Blé Goudé lui, se cachait depuis plusieurs jours et restait introuvable. Résultat, les juges ont estimé qu’ils ne pouvaient être derrière ces violences organisées. Des arguments de défense qui sont allés à l’encontre de ce qu’espérait la procureure Bensouda, mais pour les magistrats trinidadien et italien, il ne fait visiblement aucun doute que l’armée et la classe politique, face à une guérilla urbaine, ont été forcées d’adopter une posture défensive.

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Bensouda va-t-elle faire appel ?

Libéré depuis le mois de février, Laurent Gbagbo se trouve du côté de Bruxelles alors que Blé Goudé lui, est toujours à La Haye. Actuellement libres, les deux hommes restent toutefois assujettis à des conditions très sérieuses et très claires puisqu’ils n’ont par exemple, pas le droit de voyager sans en avoir averti la CPI, qui se réserve d’ailleurs le droit de leur interdire tout déplacement. Fatou Bensouda dispose encore d’un mois afin de faire appel, mais aurait réclamé un délai supplémentaire, allant jusqu’au 10 octobre prochain.

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