Dans le camp de la mouvance présidentielle, cela peut s’assimiler à une gaffe, mais Nassirou Arifari Bako n’en a cure. Alors qu’il participait à un séminaire parlementaire ayant pour thème « Enjeux et défis de la 8e législature de l’Assemblée nationale du Bénin », du 19 au 20 septembre dernier, l’ancien ministre a animé une communication qui n’est pas passée sans susciter des remous. Intitulé : « Les défis de la fonction de représentation du parlementaire dans une législature élue avec un faible taux de participation au scrutin », cet exposé a permis à M Bako de dire ce qu’il pense sincèrement des élections du 28 avril dernier, surtout par rapport au taux de participation évalué à 27% par la Cour constitutionnelle.
Pour l’universitaire, le taux de participation apparaît comme un paramètre ou un déterminant de la mesure de la base populaire d’un parlement. Si la logique juridico-constitutionnelle qui préside à l’organisation des élections ne prend pas en compte le taux de participation en déterminant un certain seuil, elle peut apparaître à terme comme non légitime aux yeux des populations, estime l’ancien ministre de Boni Yayi. L’élection peut revêtir toute la légalité conformément au code électoral, mais dans un contexte de très faible taux de participation, elle risque de ne plus apparaître comme un moyen efficace de détermination de la volonté populaire dans le processus de désignation des représentants du peuple. C’est une pathologie politique, une anomie conjoncturelle qui peut biaiser si ce n’est discréditer le statut des représentants du peuple. Et on est dans ce cas de figure avec la 8e législature du parlement, poursuit Nassirou Arifari Bako.
Le parlement est le reflet de la diversité d’opinion
Selon l’universitaire, jamais le taux d’abstention à une élection n’a été aussi bas au Bénin depuis 30 ans. Il indexe la réforme du système partisan qui pour lui, a accouché d’une souris avec des problèmes de conformité des partis à la charte des partis politiques, un code électoral contesté, les protestations, l’indifférence des populations qui a finalement conduit à un abstentionnisme record le jour du vote. Outre la question du taux de participation, l’ancien ministre s’est attaqué à l’absence de l’opposition du parlement. Pour lui, le parlement doit être le reflet de la diversité d’opinions qui existent dans le pays. Mais comment en « est-on arrivé à un tel scénario de représentation parlementaire monodirectionnelle ? » s’interroge M Bako.
Comment avoir une minorité de blocage dans un parlement monocolore ?
Le parlement est le lieu de cohabitation du couple majorité-opposition. Alors comment avoir une minorité de blocage dans un parlement monocolore ? Comment envisager la question de la représentation pour des élus issus d’un tel processus avec le divorce relatif d’avec l’électorat » s’interroge encore l’universitaire. Pour finir son analyse, il assure que si l’abstentionnisme est l’expression de l’adhésion des électeurs à la cause des « exclus », alors la thèse de l’usurpation électorale semble plausible. Si par contre, l’abstentionnisme est le fait de l’indifférence, alors on peut affirmer que les élus ont la légalité mais souffrent d’un déficit de légitimité qu’un bon exercice de la fonction de représentation peut permettre de corriger avec le temps.
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