Le secrétaire général du parti Restaurer l’Espoir (RE) et membre des forces de l’opposition réunies au sein de la résistance nationale, Guy Dossou Mitokpè revient, dans cet entretien qui nous a accordés, sur la rencontre entre Talon et la conférence des présidents de l’assemblée. Il aborde aussi la question de l’amnistie à accorder à ceux qui sont impliqués dans les évènements des 1er et 2 mai 2019 et de ceux survenus à Tchaourou et Savè.
Le président Talon a reçu les membres de la conférence des présidents de l’assemblée nationale au palais le jeudi dernier. Que pensez-vous de cette initiative?
Je voudrais d’entrée de jeu dire que pour nous ce qui s’est passé les 10, 11 et 12 au palais des congrès (le dialogue politique initié par Talon, Ndlr) n’engageait pas l’opposition ou du moins les forces de la résistance. Donc, que le chef de l’Etat ou le gouvernement dis que c’est une suite de la rencontre, ça n’engage pas l’opposition.
Si cela nous engageait, on n’organiserait pas ce que nous avons qualifié des assises de la résistance. Donc personnellement, je crois que cette initiative du chef de l’Etat de recevoir la conférence des présidents, ça ne nous engage pas outre mesure. Parce que nous n’avons pas été associés à ce qui s’est déroulé au niveau du palais des congrès et nous pensons que la suite, comme il le dit, ne nous engage pas.
A l’issue de ce conclave, un comité d’experts a été commis aux fins de faire des propositions pour la mise en œuvre des résolutions issues du dialogue. Votre avis.
Nelson Mandela disait que «ce qui se décide pour vous sans vous se décide contre vous». Donc ce comité dit d’experts qui serait mis sur pied pour discuter du prolongement des propositions des résolutions issues de leur concertation, nous continuons de croire que c’est encore de l’exclusion. Parce que nous n’avons pas été informés, nous n’avons pas été touchés pour cela.
Une fois de plus je crois qu’il urge que non seulement ce gouvernement mais que les membres de la majorité puissent comprendre qu’on ne peut pas continuer de diriger dans l’exclusion. On ne peut pas continuer de diriger en écartant les forces de l’opposition qui sont aujourd’hui quand même plus représentatives de la volonté du peuple. Donc, personnellement, je pense que ce n’est pas une bonne continuité.
Parmi les points qui ont fait consensus au dialogue, il y a la question du parrainage des candidats par les élus dans le cadre des présidentielles, celle du couplage des élections et de représentation équitable des femmes. Ces dispositions peuvent-elles être adoptées sans une révision de la constitution? Que feront votre parti et l’opposition en général si ce cas de figure venait à se présenter?
Non! Toujours dans la même logique, nous pensons que ces initiatives ou bien ces propositions à savoir le parrainage des maires ou des élus communaux pour l’élection présidentielle ou la question de femme ou bien encore d’autres questions relatives aux discussions qu’ils ont eues et qui souhaiteraient que des pas puissent être posés pour que la constitution puisse être modifiée, cela ne nous engage pas. Parce que, lorsqu’ils avaient même conçu les listes dans le cadre de la parodie d’élections du 28 avril 2019, nous avons vu le traitement qu’ils ont fait des femmes qui sont au sein d’eux. Donc ce n’est pas une première.
Nous continuons de croire que toutes ces propositions à part la question du parrainage au niveau communal pour la présidentielle qui n’a pas été abordée au cours de la 7è législature, la quasi-totalité des points qu’ils pont mis sur la table cette fois-ci, c’est des points qui avaient été déjà abordés au niveau de la 7è législature. Et lorsque ces points avaient été abordés nous avons eu, en son temps, à dire avec beaucoup de pertinence nos points de vue. Donc, nous continuons de croire que même de cette concertation qui n’a réuni que les forces de la mouvance, qu’il n’y a pas eu de choses extraordinaires.
Que les forces qui se sont retrouvées là-bas puissent nous dire véritablement ce qui est ressorti de ce dialogue. Ils ne pourront pas nous le dire. Donc, personnellement je continue de croire que, si le certificat de conformité a été le piège majeur pour la parodie d’élections du 28 avril 2019, le prochain piège tendu à toute la classe politique est la question du parrainage des élus communaux pour l’élection présidentielle.
Qu’en est-il de la proposition d’une loi d’amnistie pour les condamnés et auteurs des événements des 1er et 2 mai et ceux relatifs aux faits intervenus à Tchaourou et Savè notamment?
On ne peut pas parler d’amnistie des derniers évènements sans situer les responsabilités. Nous avons vu des soldats tirés. Qui sont ces soldats? Qui a donné l’ordre? Que s’est-il réellement passé? Nous voulons avoir la lumière sur ce qui s’est passé. Tant qu’il n’aura pas une clarification de ce qui s’est réellement déroulé, qu’on puisse situer les responsabilités, qu’on puisse même faire une autopsie et une contre autopsie de ceux qui sont décédés, du nombre de ceux qui sont tombés, tant qu’on ne puisse pas connaître les responsables de ce qui s’est réellement déroulé, on ne peut pas parler d’amnistie.
Parce que quand on parle d’amnistie ici, les gens ont l’impression que c’est uniquement ceux qu’on a arrêtés arbitrairement et qu’on a jeté dans les geôles. Il faudrait qu’on situe les responsabilités pour qu’on puisse comprendre que l’amnistie ici, je pense que c’est une porte de sortie honorable qu’ils sont en train de chercher trouver à ceux qui ont impunément tiré sur nos populations. Nous continuons de réclamer la vérité.
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