Elle devrait passer cette fois-ci comme une lettre à la poste. La troisième tentative de la révision de la constitution enclenchée par les députés sera en étude dans quelques heures à l’Assemblée nationale. Chose insolite et incompréhensible, le nouveau texte n’est pas trouvable. Ce qui ouvre la voie à d’autres interprétations et suspicions.
C’est probablement le premier fruit du dialogue politique initié par le chef de l’Etat et qui a exclu les forces politiques de l’opposition. Alors qu’on s’attendait à des corrections en profondeur du Code électoral et de la Charte des partis politiques pour, c’est la révision de la constitution qui trouve grâce aux yeux d’un groupe de dix députés. Mettant en exergue l’organisation d’élections générales et la prise de dispositions légales pour une discrimination positive à l’égard des femmes afin de favoriser leur plus grande représentativité, ces députés sous l’initiative d’Augustin Ahouanvoebla ont introduit une proposition de texte de loi pour corriger la constitution.
L’urgence de la procédure a amené l’Assemblée nationale à programmer son vote et son adoption pour ce jeudi 31 octobre 2019. Cette fois-ci, la procédure devrait aboutir puisque l’Assemblée nationale comporte 83 députés tous acquis au chef de l’Etat et issus d’élections législatives exclusives. Mais à quelques heures de ce vote, la procédure ravive les inquiétudes. Ni les amendements proposés au texte constitutionnel, ni la mouture n’existent et ne circulent nulle part et on apprend que le texte contiendrait des dispositions dont le comité d’experts n’a guère parlé de la pertinence.
Normalement, ce texte devrait exister et servir de base à des discussions politiques. Le vote devrait être précédé d’une période de vulgarisation intense où le Béninois lambda pouvait donner son avis sur les dispositions nouvelles. La Constitution étant la loi fondamentale qui fonde notre république, sa révision ne devrait pas être l’affaire de quelques privilégiés, fussent-ils des députés. Même des leaders politiques des deux blocs présents à l’Assemblée nationale se plaignent de ne pas disposer du texte.
Pourtant, le chef de l’Etat a averti les députés qu’il ne donnera pas sa caution à une révision constitutionnelle qui va ouvrir la porte à des contestations. Pourtant, ces affidés politiques semblent agir autrement. Cette procédure cachotière de la révision renforce les soupçons et alimente les conjectures de ceux, nombreux, qui affirment que le nouveau texte comporterait des dispositions qui projettent les élections générales pour 2026, prolongeant de facto le mandat présidentiel actuel sans passer par les élections. Si elle devrait passer demain, la révision de la constitution serait un gros coup politique réalisé par le chef de l’Etat mais aussi une nouvelle preuve du plan de destruction de la démocratie en cours depuis avril 2016.
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