Lutter contre la contrebande massive de certains produits dont le riz afin de protéger sa production locale pour laquelle il investit beaucoup. C’est la raison, du moins, officielle qu’on a jusque-là de la décision du Nigéria de fermer ses frontières d’avec ses voisins notamment le Bénin et le Niger.
Mais un douanier à la frontière de Sèmè-kraké nous surprend avec sa déclaration. «Le riz n’a jamais passé par la frontière ici», martèle-t-il. «Ici ? Par la frontière ? Jamais !», insiste-t-il pour balayer du revers de la main cette raison économique avancée par le Nigéria comme motif de sa décision unilatérale.
Tenant ferme à son affirmation, il défend alors que s’il s’agissait uniquement d’une lutte contre la contrebande, le Nigéria n’avait qu’à mettre en place un dispositif -ou le renforcer- pour verrouiller les voies de contournement qu’empruntent des acteurs de la contrebande pour arriver sur son territoire avec leurs marchandises.
Du coup, le transit au niveau de la frontière devrait se poursuivre normalement. « Le riz ne passe jamais ici », persiste notre source douanière au Poste de contrôle juxtaposé (Pcj) de Kraké-Plage. Elle nous informe que le Nigéria a même demandé à ce que le Bénin n’accepte plus l’importation du riz au Port autonome de Cotonou. Pour ce douanier, les raisons de l’acte du Nigéria sont à chercher ailleurs. Il soupçonne des pistes politiques.
« Il ment »
Cette déclaration du douanier n’est pas partagée hors des quatre murs du local où nous l’avons rencontré. D’autres acteurs notamment des agents qui servent d’intermédiaire pour faciliter les formalités pour le transit des marchandises entre le Bénin et le Nigéria au niveau de ce poste frontalier affirment tout bas : «Il ment. On ne dira pas que c’est nous qui l’avons dit mais le riz passe bel et bien par ici.»
Ils défendent que ce serait quand même trop beau pour être vrai d’affirmer que toutes ces quantités énormes de riz importé sur le marché nigérian via le Bénin passent par la brousse et autres voies détournées. Là-dessus, le douanier reconnait, sans être trop affirmatif, qu’il peut y avoir quelques sacs.
La recette douanière en chute libre
Mais s’il y a une constance dans les déclarations de toutes les parties, c’est au sujet de la chute des recettes. D’après ce responsable douanier rencontré, le trésor public paye énormément les frais de cette fermeture de frontière. A ses dires, la recette de la douane béninoises à ce poste faisait une entrée de plus de 300 millions F Cfa par mois mais depuis, c’est à peine 10 à 15%, soit autour de 30 millions F Cfa. «C’est qu’on ne fait plus rien», affirme-t-il.
Transitaires, agents facilitateurs des formalités et commerçants l’approuvent puisque c’est eux qui payent les prestations à la douane pour faire passer les marchandises. «Aucune marchandise ne passe, ne rentre ni ne sort », atteste un facilitateur béninois sous couvert d’anonymat.
Si la douane fait ces petites entrées, c’est parce que, entre autres, certains commerçants qui ont des marchandises périssables, décident de déverser alors leurs produits sur le marché béninois, au risque de tout perdre. C’est à cela que sont réduites les activités à la frontière depuis le 21 août 2019, outre les voyageurs lambda qui passent.
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