Le gouvernement béninois, par le biais du président de la République, confirme les cas de morts dans les violences post-électorales presque sans précédentes au Bénin. C’était l’un des sujets de l’entretien avec le président Talon ce jeudi 7 novembre 2019 sur deux médias français. Seulement, le chef de l’Etat n’est pas resté trop juste dans la réalité des faits.
Au cours d’un entretien d’une quinzaine de minutes diffusé simultanément sur Rfi et France 24 ce soir, le chef de l’Etat béninois a abordé entres autres, le cas des morts enregistrés au cours des violences qui ont suivi les élections législatives exclusives d’avril 2019. A l’en croire, les difficultés engendrées par ses réformes électorales ayant conduit à l’exclusion de l’opposition de ces législatives et à la mise en place d’un parlement composé à 100% de ses députés sont désormais du passé. «C’est derrière nous», dit-il.
Il a été relancé sur la question par les journalistes qui lui ont rappelé que ce n’est pas tout à faire « derrière » puisqu’il y a eu « des violences meurtrières » au sujet desquelles son « ministre de l’intérieur a admis que les forces de sécurité avaient utilisé des armes létales ». En réponse, Talon confirme officiellement qu’il y a eu effectivement des morts, environ 4.
Talon accuse les chasseurs
Mais il a rejeté l’élément déclencheur de la tuerie dans le camp des chasseurs. « Il y a des gens qu’on appelle des chasseurs qui ont été mobilisés à l’intérieur du pays par des acteurs politiques ; des chasseurs qui ont tiré avec des armes sur des agents de sécurité, sur des militaires, sur des policiers et même sur des civils » affirme Patrice Talon. « Parfois la riposte de protection du bien public a amené certains agents de sécurité à faire face aux tirs de ces chasseurs », ajoute-t-il.
Il est à noter que cet affrontement entre chasseurs et forces de l’ordre s’est passé surtout à Tchaourou. Mais avant, il y a eu mort d’Homme dans les violences des 1er et 2 mai 2019 à Cadjèhoun, à Cotonou. Et à Cadjèhoun, il n’a jamais été dit, ni par le ministre de l’intérieur, Sacca Lafia, ou autre source, que l’utilisation des armes létales par les militaires était en réaction à des tirs de chasseurs.
«Probablement, les militaires étaient débordés et ils –les manifestants, ndlr- allaient vers des points névralgiques comme la radio –la radio nationale, ndlr-, comme des banques. On ne pouvait qu’agir de cette manière pour les retenir, les repousser. Des sanctions les plus dures seront prises à l’endroit des forces de l’ordre qui se sont passés outre la consigne donnée», déclarait le ministre sur Rfi le lendemain. Alors, pourquoi Talon veut effacer cette vérité dans les actes de répression, par les forces de sécurité, des soulèvements populaires après ces premières élections qu’il a organisées.
Le mode opératoire selon Talon
En plus, peut-être pour expliquer les difficultés d’exactitude dans les faits ou dans les enquêtes toujours à propos de cette page noire de son régime, le chantre de la rupture expose un autre aspect. «Parfois pour dissimuler leur action, certains sont partis avec leurs blessés », rapporte le président. «Parce que quand vous tirez sur les forces de l’ordre qui ripostent, et pour ne pas laisser les traces de qui vous êtes, les gens partent parfois avec leurs blessés », explique Patrice Talon.
Pourtant, tout au moins, tout le peuple béninois sait qu’il y a eu des blessés gardés au Cnhu et même en détention provisoire à la prison civile de Cotonou. Egalement, au moins un mort dont le corps n’a été retourné à la famille des semaines plus tard. Oh quelle raison très facile pour dissimuler une volonté à cacher des vérités d’un péché organisé contre le peuple béninois ! Mais en réalité, on ne devrait plus être surpris d’entendre le chef de l’Etat parler de la crise en ces termes. Pour eux, c’est un non lieu pourvu que la rupture passe.
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