14 hautes personnalités de la République Démocratique du Congo, proches de l’ancien président Joseph Kabila, étaient sous des sanctions de l’Union Européenne pour des « graves violations » des droits de l’homme entre 2015 et 2018, une période durant laquelle des centaines des manifestants pro-démocratie avaient été tués, en protestation à un troisième mandant de Joseph Kabila.
Maintenant ils ne sont plus que 12, car l’UE a décidé d’écarter deux de ces personnalités, sur la liste des mesures « restrictives » contre des dirigeants congolais. La décision a été prise ce lundi 9 décembre 2019 par le conseil de l'UE, lors de l’ouverture de deux jours des travaux à Bruxelles (Belgique).
Il s’agit de Lambert Mende Omalanga, l’ancien « farouche » porte-parole du gouvernement congolais et ministre des médias et communications, ainsi que de Roger Kibelisa, l’ancien responsable de la sécurité intérieure de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR).
« Ministre des communications et médias depuis 2008, Lambert Mende est responsable d’une politique répressive envers les médias, qui viole le droit à la liberté d’expression et d’information, et compromet une solution consensuelle et pacifique en vue de la tenue d’élections en RDC (…). En tant que chef du département de sécurité intérieure de l’Agence Nationale de Renseignements, Roger Kibesila a participé à la campagne d’intimidation menée par l’ANR contre les membres de l’opposition, y compris des arrestations et des détentions arbitraires », argumentait l’UE lors de la prise de ces sanctions.
Mais aujourd’hui, l’UE se justifie par « l’évolution de la situation en RDC », caractérisée par la première alternance politique, pacifique au sommet de l’Etat.
Une page qui mérite d’être tournée ?
C’est en tout cas ce que veut le Front Commun pour le Congo (FCC). Cette méga plate-forme politique dont Joseph Kabila est autorité morale, estime que ces sanctions qui sont, « arbitraires et illégales », devraient toutes être levées et que la page soit tournée.
« Le FCC a toujours soutenu que les sanctions prises à l’encontre de ses cadres étaient arbitraires et basées essentiellement sur des motivations politiques, et donc contraires au droit international », martèle le FCC de Joseph Kabila sur twitter.
Ceux qui ont fait entraves au processus électoral, selon le FCC
L’opposition Lamuka, organisait des manifestations appelant au boycott de l’utilisation de la machine à voter à l’élection présidentielle. A Kinshasa, un entrepôt de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), avait pris feu à quelques jours des élections.
Un incendie d’origine inconnu avait ravagé plusieurs biens matériels de la CENI, causant ainsi le report des scrutins du 23 au 30 décembre 2018. Le FCC demeure convaincu que l’opposant Martin Fayulu et les siens, étaient commanditaires.
« Il n’y a pas pire, comme auteurs d’entraves au processus électoral, ceux qui ont incité publiquement à la violence et appelé à détruire le matériel électoral (Machines à voter, ndlr), courent dans les rues et sont régulièrement reçus par les dirigeants de l’UE », estime Néhémie Mwilanya, coordonnateur du FCC qui a écrit sur twitter.
Des Regrets de l’autre côté
Prolongées d’une année de plus le 10 décembre 2018, du côté de l’opposition, l’on estime que l’UE devrait une nouvelle fois prolonger la durée de ces sanctions et les étendre même à d’autres caciques du FCC, « qui ont illégalement accompagné un pouvoir illégitime ».
« Nous avons des sérieux regrets d’apprendre par la voie des ondes cette décision de l’UE. Nous regrettons beaucoup car Kabila et les siens ont longtemps demeuré dans la pratique des antivaleurs. Nous espérions que ces sanctions seraient étendues et que Kabila et ses acolytes puissent au moins subir la conséquences des actes qu’ils ont commis, maintenant l'impunité demeure au Congo à cause de l'Union Européenne », tonne un membre de l’opposition sous anonymat.
RDC : Kabila sans casque à moto, la polémique sur la toile
Il convient de noter que les noms encore retenus sous sanctions de l’UE sont les généraux Gabriel Amisi, Akili Muhindo Mundos et John Numbi. D’autres personnalités influentes comme par exemple, l’ancien candidat à la présidentielle Emmanuel Shadary. On remarque aussi les noms de Kalev Mutond, Ilunga Kampete, Ferdinand Ilunga, Célestin Kanyama, Dauphin Kahimbi, Evariste Boshab, Alex Kande, Eric Ruhorimbere et Jean-Claude Kazembe.
Glody Murhabazi, Correspondant en RDC