On connaît aujourd’hui Victor pour ses retournements de veste sur le terrain politique (demandez à Célestine Zanou !) comme sur celui de l’expression de ses opinions, souvent sans concession, quant à l’inaptitude des hommes d’affaires à briguer la magistrature suprême. Sa dernière sortie médiatique dans les colonnes de Jeune Afrique en ligne (voir le verbatim à lire ici) achève de nous convaincre qu’il n’inspire plus confiance dans l’opinion. Quand tour à tour, il se drape du manteau d’homme politique et d’homme de science, au gré de ses intérêts du moment.
Victor Topanou , car c’est de lui qu’il s’agit, comme chacun le sait, a été le Rapporteur principal du fameux dialogue exclusif aux côtés d’un certain Dorothée Sossa, désigné facilitateur et ci-devant professeur titulaire de droit privé fraîchement revenu au pays après deux mandats à la tête du secrétariat général de l’Ohada.
Pendant que ce dernier unanimement reconnu comme taciturne , « taiseux » ,comme diraient nos amis Canadiens, et peu disert, Victor Topanou, s’épanchait littéralement sur les chaînes de radio et de télévision comme à son habitude, en « fin connaisseur » auto-proclamé de la chose politique et prêt à en découdre avec tous ceux qui l’accusent de « trahison ».
La vraie fausse posture de l’homme de science
Nous laissons à l’opposition avec qui il avait une proximité de travail structurant jusqu’à la période d’avant les élections le soin de lui régler les comptes. Mais dans le cadre de ce petit article, je me concentrerai sur les deux postures de l’homme, suivant qu’il se trouve ici au Bénin ou à l’étranger.
Ainsi, au micro de nos confrères de Soleil Fm quelques semaines plus tôt, c’est le Victor Topanou , simple Rapporteur du dialogue exclusif, sans aucune influence sur le déroulement ni le contenu des débats qui se met en vedette. Il se faisait fort de rappeler qu’il n’était pas du même avis que le chef de l’Etat pour le choix des participants mais il considérait qu’il s’agissait d’un petit pas à encourager.
Cependant, en se disant convaincu que les mesures d’apaisement ne se limiteraient pas à l’élargissement des personnes détenues en prison mais allaient s’étendre à ceux en exil, l’homme de science voulait visiblement se donner bonne conscience, en faisant croire que sa posture repose sur un deal que le politique n’a pas respecté. Mais personne n’est dupe ! Le président Talon, c’est un secret de polichinelle aujourd’hui, n’est pas dans une logique d’inclusion de toute la classe politique, loin s’en faut! Quelqu’un a dit avec raison que Talon c’est Kagamé plus Erdogan. Et Topanou le sait.
Victor Topanou porte-parole officieux
La preuve, dans l’interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique.com, il n’y a aucune trace de l’intellectuel « incolore, inodore et sans saveur » sollicité pour rapporter in extenso les travaux du fameux dialogue .Au contraire, nous avons affaire à un vrai porte- parole officieux du président Talon qui disserte sur le bien-fondé de la réforme du système partisan , pollué, selon lui ,par la toute-puissance des hommes d’affaires aux côtés des hommes politiques qu’ils tiennent en laisse.
On le voit, lorsqu’il parle de la réforme du système partisan et affirme sans sourciller qu’elles visent à consolider le système partisan « Ma conviction, dit –il, c’est que dans deux à trois élections présidentielles, le système fonctionnera à plein régime ».Le ministre Orounla n’aurait pas dit autre chose. Plus grave, parlant des évènements récents à Savè, Victor Topanou se fait péremptoire. Non seulement il semble connaître les auteurs de ces violences mais il utilise des termes aussi forts que celui « d’économie de guerre ».C’est un initié qui parle .Morceau choisi :
« Une forme d’économie de guerre peut se mettre en place, avec des individus qui tirent profit de la situation et qui n’ont aucun intérêt à ce que le calme revienne. « Et Victor Topanou de conclure comme s’il était directement aux affaires : « C’est triste, mais cela ne m’inquiète pas outre mesure, car le phénomène est cantonné à Savè.»
C’est sur la loi d’amnistie et le sort de Yayi que le professeur rapporteur se fait plus précis, comme le serait le ministre de la justice, du gouvernement Talon. Il affirme que la loi d’amnistie ne saurait concerner des gens inconnus de la justice comme les tireurs des 1er et 2mai mais insinue que Yayi qui n’a fait l’objet d’aucune condamnation est particulièrement concerné.
« Son parti était représenté et a pu relayer les exigences qui sont, probablement, celles que Yayi a validées. L’une d’entre elles était d’ailleurs la fameuse loi d’amnistie, qui lui a profité lorsqu’elle est entrée en vigueur. Mais quand le gouvernement invite les partis, il ne lui revient pas de régler leurs problèmes internes. Enorme comme déclaration ! Quid des conditions dans lesquelles les Hounkpè et consorts ont obtenu le récépissé refusé aux Fcbe avant le 28 avril ? Le scientifique reste désespérément muet !
Victor Topanou en service après vente !
Le Rapporteur principal du fameux dialogue au cours de cette interview passe allègrement du « je » au « nous » « Nous avons adopté le principe des élections générales. » et parle de cette assemblée issue des élections exclusives comme d’un pis-aller auquel il convient de s’adapter, avalisant du coup le hold up électoral.« Le problème de fond, affirme- t-il , c’est de savoir si l’on considère que l’on a une Assemblée nationale ou pas. On peut la critiquer dans sa composition ou sa désignation, mais ces dernières constituent le pouvoir législatif. Il y a un besoin de continuité institutionnelle, que l’Assemblée continue à travailler, en attendant qu’opposition et majorité trouvent un accord pour remédier aux tensions politiques.
La messe est dite ! Lorsque le journaliste évoque la question du conflit d’intérêt au sommet de l’Etat, Topanou ne s’embarrasse pas de circonlocutions inutiles en parlant de Talon : « Lui-même en a eu conscience. Il a donné des garanties, en disant qu’il se retirait des affaires. Certains y ont cru, comme moi. D’autres n’y ont jamais cru jusqu’à présent, car pour eux, que cela soit ses amis ou ses enfants, c’est pareil. »
Victor vient ainsi d’effacer d’un trait de plume le pamphlet qu’il avait écrit avant les élections au sujet des hommes d’affaires jugés par lui inaptes à assumer la fonction présidentielle. Il avait besoin de donner des gages .Comme pour dire à l’endroit de qui l’on sait : je suis prêt maintenant pour le job que vous voudriez bien me confier. Qu’il aille prendre le job et qu’il cesse de nous divertir, ce Victor-là !!!
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