Libye : le calcul raté d’Erdogan selon un politicien français

Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan est plus que jamais décidé à envoyer les troupes en Libye, son initiative ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté internationale. Le dirigeant turc avait annoncé dimanche 5 janvier que des troupes turques étaient en route pour Tripoli pour se battre aux cotés de Fayez el-Sarraj contre le Maréchal Khalifa Haftar après le vote du parlement turc le 2 janvier autorisant une telle opération. Mais cette initiative du leader turc a soulevé un branle-bas au sein de la communauté internationale avec une salve de condamnation.

L’Union Européenne ainsi que la plupart des pays européens tels que la France, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne avaient dénoncé l’initiative turque et s’y étaientopposés fermement. Les pays du Moyen-Orient sont tous aussi fermement opposés à l’idée turque et certains pays arabes qui soutiennent ouvertement le Maréchal Haftar tels que les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite voient d’un mauvais œil l’irruption d’Ankara dans ce conflit. Les pays de Maghreb ont aussi dénoncé le plan turc à l’instar du ministre marocain des affaires étrangères qui affirmait son opposition à toute « intervention étrangère » en Libye.

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Un cessez-le-feu royalement rejeté

Face à cette levée de bouclier inattendue et en marge de soutien, Recep Tayyip Erdogan s’était tourné vers la Russie de Vladimir Poutine. Les deux présidents turc et russe ont lancé un appel à un cessez-le-feu en Libye le 8 janvier dernier à Istanbul. Un cessez-le-feu censé prendre effet à compter du 12 janvier à minuit. Mais leur appel fut royalement rejeté par le Maréchal Haftar. Un rejet que comprend et justifie l’eurodéputé français Michel Scarbonchi dans une tribune publiée sur le site d’information Opinion Internationale.

L’eurodéputé français Michel Scarbonchi estime que cette décision du président turc de soutenir le camp du Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj est une erreur de calcul de la part du leader turc. Une erreur stratégique. C’est d’ailleurs ce qui explique le refus du Maréchal Khalifa Haftar de l’Armée nationale libyenne (ANL) de prendre en compte le cessez-le-feu lancé par la Russie et la Turquie et de déclarer que les combats continueraient jusqu’à la libération totale de Tripoli.

Haftar : seul leader libyen crédible selon Scarbonchi

Pour l’eurodéputé, le Maréchal Khalifa Haftar reste le seul dirigeant capable de rassembler les libyens dans le contexte actuel. « La réalité est que Haftar est le seul leader libyen crédible, capable d’unifier, de sécuriser son pays et de l’engager, avec l’Assemblée nationale, dans un processus démocratique », explique Michel Scarbonchi. L’annonce du soutien turc à Fayez el-Sarraj aura eu pour effet de pousser les libyens demeurés neutres jusqu’alors dans les bras du Maréchal Haftar. C’est ce qui expliquerait d’ailleurs selon M. Scarbonchi la prise de Syrte le 7 janvier dernier sans combat et sans résistance, les forces présentes s’étant juste ralliées à l’ANL.

Aujourd’hui, l’homme fort de la Libye est bien le Maréchal Haftar. Et le soutien turc à Fayez el-Sarraj n’a fait que renforcer sa crédibilité aux yeux des libyens et de plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. En somme, un très mauvais calcul de la part de Recep Tayyip Erdogan.

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