Il y a plus d’une semaine, la Cour constitutionnelle a organisé une audience publique pour se prononcer sur le recours d’un citoyen béninois contre Muhammadu Buhari et l’ancien président béninois Boni Yayi. En effet M Alain Diogo reprochait au président nigérian d’avoir illégalement fermé la frontière et à Boni Yayi de s’être rendu coupable de « manipulation contre le peuple béninois et auteur de la manipulation de la fermeture de la frontière nigériane».
Invité à se prononcer hier mardi 14 janvier sur ce recours, le Professeur Philippe Noudjènoumè a décelé un problème au niveau des faits que le requérant impute à Boni Yayi. Pour l’universitaire qui se prononçait sur le plateau de Sikka Tv, ce n’est pas l’ancien président qui a fermé la frontière. C’est le président d’un état souverain qui l’a fait. Donc l’ancien président ne peut être considéré que comme co-auteur ou complice.
Or pour juger le coauteur, il faut juger l’auteur qui est dans le cas d’espèce Muhammadu Buhari puisque c’est lui qui a fermé la frontière. Voilà qu’on ne peut pas traîner un état étranger devant une juridiction béninoise, fait remarquer Philippe Noudjènoumè. Revenant à Boni Yayi, il explique qu’il peut être jugé pour intelligence avec un pays étranger. Et c’est souvent en période de guerre ou à l’issue d’une guerre que ce cas de figure prend tout son sens.
Prise de position contre le Nigéria
Or, « on n’est pas en guerre avec le Nigéria » relève l’universitaire qui regrette la décision prise par la Cour constitutionnelle. Celle de déclarer recevable le recours de M Diogo. « En déclarant recevable une telle plainte, ça place le Nigéria comme pays ennemi et des citoyens ici, complices de pays ennemi. (…) La recevabilité d’une telle décision vaut prise au sérieux et prise de position contre le Nigéria » martèle-t-il. L’homme estime qu’il faut faire très attention quand il s’agit d’un état voisin.
« C’est une provocation à l’endroit du Nigéria » estime-t-il, invitant les uns et les autres à ne pas mettre de l’huile sur le feu. « Mon souhait c’est que ce dossier soit déclaré clos sans suite » a-t-il poursuivi. Quand on lui demande si la Cour a les moyens de coercition contre Boni Yayi puisqu’il n’a pas répondu à sa convocation, il répond sans ambages : « La Cour n’a pas les moyens de le mettre en prison ».
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