Le Karité : origine, usage et bienfaits d’un arbre africain par excellence

De son nom scientifique Vitellaria paradoxa ou Butyrospermum parkii, le ‟Karité” prononciation francisée du nom ‟Ghariti” en Wolof signifiant ‟Arbre à beurre” est nommé également ‟Limou” en fon, ‟Ori” en yoruba, ‟Okoumé” en igbo, etc. Cet arbre est considéré comme ‟l’Arbre de vie” ou ‟l’Or des femmes” car ce sont les femmes qui travaillent dans la transformation du beurre de Karité et cela leurs permet de subvenir aux besoins de leur famille surtout des enfants qui sans leur mère seront nombreux à être désœuvrés. Cette espèce est membre de la famille des Sapotaceae comme l’Arganier qui sont des espèces originaires d’Afrique du nord et des savanes africaines. Menacées par la désertification, les feux de brousse et la surexploitation, ces plantes restent jusqu’à ce jour des espèces utiles au bien-être de la vie humaine, particulièrement des populations africaines.

Le Karité est un arbre originaire des savanes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Centrale qui peut atteindre près de 15 mètres de hauteur. Il faut attendre au plus dix-huit années de vie pour voir ses premières floraisons suivie d’une discontinuité de production de fruits durant au moins 100 ans et l’arbre peut vivre durant 3 siècles. Il faut 30 ans pour que l’arbre atteigne l’âge adulte. Le sommet (la tête) de l’arbre est très ramifié(e) et très solide mais peut se tordre durant de fortes saisons pluvieuses. L’écorce est épaisse, fissurée, de couleur grise avec un tronc dont le diamètre mesure près de 2 mètres. Les jeunes feuilles sont rougeâtres, les feuilles sont d’un vert d’olive et les feuilles mortes ont une couleur brune puis finissent sèches.

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Le Karité se cultive par graine (noisette) ou par greffage. La croissance par semis est lente tandis que celle par greffage est rapide. En 5 ans, le greffage donne des fruits de qualité. Les fruits et rendements sont meilleurs quand l’arbre atteint au moins l’âge de 50 ans et plus à partir de 100 ans. Les fruits sont généralement récoltés en Mai, Juin et mi-Septembre. Les branches de l’arbre sont nues en saison sèche et pourvues de feuilles en saison pluvieuse. Aujourd’hui 16 pays produisent du Karité et sont classés comme suit: Le Nigéria le 1ier producteur jusqu’à ce jour ; suivi du Mali ; du Burkina Faso ; du Ghana avec plus de 55000 tonnes chaque année ; puis de la Côte d’Ivoire, du Bénin, etc.   

Histoire

Le Karité ou Limou est utilisé depuis des millénaires par les populations locales d’Afrique qui ne manquent pas d’histoires de la part de leurs griots à ce propos. Cet arbre sacré est interdit d’être coupé ou abîmé par quiconque comme l’arbre du Baobab. Considérer comme une grâce divine et une protection divine, l’on n’avait pas le droit de le cultiver et quand il poussait quelque part, il était dit que cette terre était bénite et protégée par des divinités. Très respectée, on ne pouvait que bénéficier de son fruit, de ses feuilles, de ses chenilles et de son écorce. Son bois s’utilisait sous le conseil d’un oracle qu’une fois que l’arbre soit tombé seul. On en fabriquait des outils culinaires, en construisait des maisons, de la chaux pour protéger les murs, des arcs et flèches, des bateaux, du charbon de meilleur qualité et autres pour les rois, les nobles, les personnes particulières et les cérémonies particulières. Les femmes considérées comme les gardiennes de l’arbre, étaient les seules personnes qui pouvaient par leurs chants, leurs danses et leurs beautés, apaiser la colère des divinités protectrices de l’arbre ainsi que les esprits présents.

Par contre dans les écrits anciens retrouvés, on peut noter les rumeurs sur le beurre d’une noix aux effets extraordinaires dont en raffolaient les Reines Egyptiennes. Il est dit que le fruit de « Kariti » semblable aux olives, permit à la reine Néfertiti d’être d’une beauté exceptionnelle surtout sa peau, de même que reine Cléopâtre, dont parla également en 1348 le géographe arabe Al-Umari. Ce dernier décrit le Kariti comme un citron vert olive au goût de poire avec un noyau charnu, dont le beurre retiré servait aux populations natives à faire du savon, à brûler les torches, à blanchir les maisons, à maintenir leur peau belle, etc. Le voyageur marocain Ibn Battuta le mentionna dans ses écrits, au 14ième Siècle lors de son voyage au Royaume Mandingue. Au 15ième Siècle, le voyageur Mungo Park parla dans son ouvrage « Voyage à l’intérieur de l’Afrique » en 1797, de la découverte qu’il fit durant l’époque de l’esclavage sur la côte Gambienne où des marchands vendirent du fer natif, des gommes odorantes et du Shétoulou signifiant beurre de l’arbre ou beurre végétal en Malinké.

Néanmoins, c’est seulement qu’au 21ème Siècle, que l’Europe commence à vraiment s’y intéresser pour pallier aux dégâts que crées sur leur santé les produits cosmétiques conventionnels et les beurres margarine nés du dihydrogène encore 3 fois plus dangereux que les beurres pasteurisés à base de graisses animales. Ainsi commence à naître les appuis aux coopératives de femmes, les ONG pour la promotion du Karité, et les projets de développement du Karité, etc. Des machines primaires, copiant les gestes des femmes, sont mêmes construites ce qui allègent légèrement les difficultés que rencontre les femmes, mais la précarité est toujours d’actualité. Les hommes se sont introduits dans la filière Karité à l’international.

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Bien que le goût du Karité et sa couleur diffèrent des beurres conventionnels, aujourd’hui, l’Europe utilise le Karité en cosmétique, en technologie alimentaire et pharmaceutique. Tandis que les Etats Unis préfèrent le Karité qu’en cosmétique et industrie pharmaceutique. Ainsi l’importation abusive du Karité par les pays développés, augmente le prix du Karité dans les pays producteurs qui comme toujours subissent les défaillances de la colonisation moderne tout en pensant sauver les pays sous-développés qui demeurent pourtant grâce à eux sous-développés.   

Vertus et utilisation

Riche en glucides, en vitamine C, en lipides et protéines bruts, la pulpe du fruit de Karité appréciée quand elle est encore verte olive à cause de son goût d’avocat sucré, est très recommandée aux personnes en carence, aux enfants de bas-âge, aux femmes enceintes et aux femmes allaitantes. Le fruit commence à pourrir quand sa couleur vire au marron. Il est recommandé traditionnellement de ne pas cueillir le fruit de l’arbre mais de ramasser le fruit tombé. Scientifiquement, il a été noté que le fruit tombé est d’une meilleure qualité que le fruit cueilli de l’arbre.

Les graines de Karité sont antivenimeuses. Le beurre de Karité est constitué d’Acides Gras (Acide Linoléique, Acide Stéarique, Acide Arachidique, Acide Palmitique, etc), de Vitamines (A, D, F), des Esters de cire, de Karitène, d’Antioxydants, des Esters résineux et de Phénols (Tocophérols comme la vitamine E, Catéchines et Triterpènes comme Amyrines, Butyrospermol et Lupéol). Il contient 15% d’Insaponifiables (contrairement à 52% dans la cire d’Abeille) puis a un taux plus élevé en Allantoïne (C4H6N4O3) par rapport à l’escargot, qui lui confère des propriétés adoucissantes, hydratantes de qualité.

Produit fini de Mère Nature, le beurre de Karité– directement obtenu de la noix ou transformé en savon – permet  de protéger la peau contre les mauvaises cicatrisations, le vieillissement rapide, les agressions dues aux aléas climatiques exemple la sécheresse, la fraicheur, les vents forts ou secs, les coups forts du soleil, etc ; il permet d’atténuer les vergetures ; il permet de guérir des maladies de peau (crevasses, démangeaisons/irritations, eczéma, psoriasis, érythèmes fessiers, rougeurs, etc) ; il protège des allergies ; il permet de masser un muscle, une partie douloureuse ; il protège des UV du soleil et il permet de prendre soin des cheveux. Consommable, il permet de bien se nourrir et permet aux tradithérapeutes de l’utiliser comme baume médicinal et de l’associer à d’autres produits naturels afin de guérir les populations de divers maux grâce à ses propriétés antioxydantes, antimicrobiennes, hydratantes et anti-inflammatoires. Également il est très prisé durant les rituels sacrés.

En Europe, le beurre de Karité s’utilise :

  • En industries alimentaires comme exaltateur de goût dans la majorité des produits contenant de la graisse végétale exemple les margarines, les biscuits, les chocolats, les confiseries, etc. Souvent présent comme l’huile raffinée du palmier à huile rouge, on peut lire sur les notices « matières graisses végétales », ce qui évite de les mentionner une à une.
  • En industries cosmétiques pour la fabrication de crèmes, de laits, de savons pour le bien-être de la peau, l’après-rasage pour calmer le feu du rasage, l’après épilation pour protéger les pores, pour le bien être des cheveux, etc. Des bougies sont fabriquées à base de beurre de Limou. 
  • En industries pharmaceutiques pour confectionner des médicaments.

Aujourd’hui le bois du Karitétombé apprécié pour sa résistance aux termines et sa longévité, est toujours utilisé pour fabriquer des ustensiles de cuisine comme les grosses calebasses nommées Dágbaká en fon,  comme les louches en bois dit Agwlĭ en fon, comme les mortiers, les pilons, pour construire les piliers des maisons et pour produire du charbon de bois. Néanmoins, le marché international envahit les marchés africains avec ses ustensiles en plastique à bas prix qui pousse peu à peu les populations à délaisser les ustensiles traditionnels.

  • Sa cendre permet de produire un colorant indigo très prisé.
  • Son écorce permet d’empêcher l’igname de cuire grâce et sert de colorant rougeâtre dans certains traitements thérapeutiques.
  • Le latex de l’arbre est très apprécié pour ses propriétés protectrices grâce à son filtre solaire contre les rayons ultraviolets et les allergies.
  • Les racines de Limou favorisent le traitement des maux gastriques.
  • Ses feuilles se donnent au bétail et s’utilisent en tradithérapeutique. Tandis que ses fleurs attirent beaucoup d’apiculteurs pour m’obtention de miel de qualité supérieur.
  • Les chenilles de Limou (Cirina butyrospermi) se grignotent crues, sèches ou frites.

Il faut noter que Limou est un cadeau pour la femme africaine mais un véritable travail pour la femme qui fabrique le beurre de Karité dès le mois de Mai jusqu’au mois de Décembre. Ainsi, elle :

  • récolte les fruits de l’arbre,
  • ramasse les noix jetées,
  • concasse les noix ramassées,
  • extrait le beurre et utilise les débris des noix à des fins domestiques tels que engrais bio, allumer le feu, décorer un sol, etc,
  • travaille le beurre pour l’utiliser en cuisine, en cosmétique ou en thérapeutique,
  • vend son produit fini au marché ou dans son environnement en faisant des réserves qui se vendront toute l’année suivante jusqu’à la future récolte.

Observation

Il est temps de protéger Limou ou le Karité et toutes les espèces de la famille des Sapotaceae à travers un encadrement éco-durable pour les futures générations et la survie de l’espèce humaine.

Il faut noter que depuis leur introduction à l’international, les hommes (pour la majorité) se comportent comme des colons qui attendent leur dû, comme si les difficultés sont faites pour le genre féminin. Aussi les multinationales appartenant à l’Union Européenne et aux Etats Unis font de cette filière leur gagne-pain sans se préoccuper de rendre la vie facile et agréable aux femmes, véritables ouvrières, du Karité. Les gouvernements des pays producteurs s’intéressent qu’à ce qu’ils gagnent, peu parmi eux essaient de favoriser des facilités aux femmes ouvrières du Karité. Aujourd’hui, peu d’Agronomes s’intéressent à l’espèce et à sa survie. 

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