La crise sanitaire provoquée par le coronavirus a également entraîné une crise économique à l’échelle planétaire. L’Afrique souvent vue comme un continent d’assistés bénéficie déjà de grandes annonces. Des pays comme la France sont déjà favorables à l’annulation de sa dette afin de lui permettre d’affronter avec sérénité cette pandémie. Le président sénégalais Macky Sall approuve d’ailleurs les intentions de Paris, mais pas le Bénin.
» L’allègement de la dette ou un moratoire constitue dans ce contexte, un appel à l’indulgence des créanciers «
Dans une tribune publiée dans le magazine Jeune Afrique, le ministre béninois de l’économie et des finances a clairement fait savoir que les annulations de dette ou les moratoires sur le service de la dette publique bilatérale offrent certes une marge budgétaire immédiate mais présentent d’importants inconvénients à court et moyen termes. « En effet les dépenses des Etats sont appelées à croître rapidement pour contrer la propagation de la pandémie alors même qu’il faut continuer à faire face aux défis du développement. A ce constat s’ajoute la chute importante des recettes qui vient réduire davantage les marges budgétaires » explique Romuald Wadagni.
En somme, « l’allègement de la dette ou un moratoire constitue dans ce contexte, un appel à l’indulgence des créanciers et n’apporte pas de solutions structurelles aux difficultés des Etats ». Au contraire, il va ternir encore plus l’image des Etats et compromettra leur accès aux financements futurs. « Nos pays subiront un effet induit sur la perception de leur qualité de crédit ; ce qui les exposerait à des sanctions ultérieures inévitables de la part du marché ». Il est clair que le Bénin n’approuve pas l’annulation de la dette africaine, mais qu’est-ce qu’il propose ? La réponse de Romuald Wadagni est simple : il faut que les institutions financières internationales aident l’Afrique à mobiliser urgemment de liquidité nouvelle en lieu et place des annulations ou moratoires de dette.
» Les besoins urgents exprimés par l’Afrique se chiffrent à 100 milliards de dollars «
« Les besoins urgents exprimés par l’Afrique se chiffrent à 100 milliards de dollars (dont 44 milliards pour le service de la dette) ; une nouvelle allocation en Droits de tirages spéciaux du FMI tant débattue devrait être envisagée. Elle permettrait d’apporter une réponse rapide et efficace aux besoins des pays les plus vulnérables tout en préservant la soutenabilité de leur dette » estime Romuald Wadagni. L’argentier national a fait d’autres propositions comme la relance des économies africaines via des financements concessionnels et la mobilisation individuelle de ressources concessionnelles ou semi-concessionnelles par les institutions multilatérales et les banques de développement pour le financement des économies africaines.
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